Les objectifs de rigueur budgétaire ont été remis à plus tard ; les dépenses s'inscrivant à la hausse, tout comme les déficits publics. La loi de finances 2021 a été signée, avant-hier, par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, de retour d'Allemagne après deux mois d'hospitalisation. Le choc pandémique lié au coronavirus, qui frappe de plein fouet l'économie nationale depuis mars dernier, oblige le gouvernement à maintenir un niveau de dépenses élevé pour y faire face. Pour cette année encore, crise oblige, les objectifs de rigueur budgétaire ont été remis à plus tard. Le budget 2021 préserve ainsi la trajectoire dépensière du gouvernement. Les dépenses budgétaires globales prévues pour cette année passent ainsi à 8 113,3 milliards de dinars, marquant un net rebond de 10% par rapport au précédent exercice. Le budget de fonctionnement s'établira à 5 314,5 milliards de dinars, en hausse de 11,8% par rapport à 2020, alors que les dépenses d'équipements s'élèveront à 2 798,5 milliards de dinars (+6,8%). Les transferts sociaux du budget de l'Etat pour 2021 s'élèvent, quant à eux, à 1 929,35 milliards de dinars, en hausse de 81,58 milliards de dinars par rapport à 2020. Ce niveau de dépense, même s'il est justifié par la crise, ne tient pas compte de la baisse des recettes fiscales, en raison, notamment, du ralentissement que connaît l'activité économique. Les recettes de la fiscalité ordinaire sont attendues en nette baisse cette année avec, au tableau, une prévision de 3 408 milliards de dinars, contre une recette de 4 001 milliards de dinars en 2020, marquant ainsi une baisse de 14,8%. La fiscalité pétrolière, elle, ne devrait pas faire mieux que ce qui a été prévu en 2020. Les revenus prévus au titre de l'actuel exercice devraient s'établir à 1 919 milliards de dinars, contre une prévision de clôture de 1 850 milliards de dinars cette année. Le budget de 2021 vient ainsi confirmer les inquiétudes sur l'aggravation des déficits budgétaire et courant ; le premier caracolant à près de 14% du PIB, contre 10,4% au titre de la LFC 2020, tandis que le second sera de 11% du PIB, malgré l'effort de rationalisation des importations promis par le gouvernement. Cet effort devrait se traduire, cette année, par une baisse de 14,4%, à 28,21 milliards de dollars de la valeur des importations. Par ailleurs, alors que les entreprises font face à une crise inédite, la loi de finances 2021 ne fait aucune référence claire au plan de relance discuté, en août, par le gouvernement et ses partenaires sociaux. Exception faite des exonérations fiscales introduites au profit des "start-up" et des "incubateurs", des entreprises dont les actions ordinaires sont cotées en Bourse à compter du 1er janvier et les opérations d'exportation de biens et de services "génératrices de devises". La loi budgétaire de l'actuel exercice institue, en revanche, plusieurs nouvelles taxes en plus du relèvement d'autres impositions. La loi de finances 2021 a institué une taxe sur les ventes des produits énergétiques aux établissements du tertiaire, aux industriels, ainsi que sur les autoconsommations du secteur énergétique, une taxe sur la consommation des carburants des véhicules et camions à chaque sortie aux frontières, une fiscalisation des intérêts produits par les livrets d'épargne, le relèvement du droit de timbre pour certains passeports et permis de conduire, le relèvement de 15% de l'IRG sur les revenus tirés de la location des locaux à usages commerciaux et professionnels, ainsi que de la cession des biens immobiliers bâtis et non bâtis... Cependant, l'introduction d'un instrument de paiement dit "à terme", payable 30 jours à compter de la date de l'expédition des marchandises, aura été la mesure la plus décriée par les opérateurs économiques. Tout comme les dispositions prévoyant une forte dépréciation de la monnaie nationale en 2021. Le dinar continuera, en effet, à enchaîner d'importants mouvements baissiers à compter de cette année, à raison de 142,20 DA pour un dollar en moyenne en 2021, 149,31 DA/dollar en 2022 et 156,78 DA/dollar en 2023.