L'avant-projet de loi de finances pour 2019 promet une légère progression de la valeur des transferts sociaux, s'élevant à 1 772,5 milliards de dinars, représentant 8,2% du PIB et en hausse de 12,5 milliards (+0,7%) par rapport aux prévisions de la loi de finances pour 2018. Dans l'avant-projet de loi de finances pour 2019, on ne trouve aucune mesure de rupture avec l'actuelle politique budgétaire du gouvernement. Ce dernier reste fidèle à sa politique d'expansion budgétaire, tant au plan des dépenses de fonctionnement qu'en matière de transferts sociaux. Au chapitre des dépenses, l'Exécutif n'a pas hésité, à nouveau, à casser la tirelire, puisque le budget de fonctionnement devrait progresser de 7,5% en 2019, s'établissant à 4 954,5 milliards de dinars. L'avant-projet de loi de finances pour 2019 promet également une légère progression de la valeur des transferts sociaux, s'élevant à 1 772,5 milliards de dinars, représentant 8,2% du PIB et en hausse de 12,5 milliards (+0,7%) par rapport aux prévisions de la loi de finances pour 2018. Ce qui n'augure bon gré, mal gré d'aucun changement dans la politique sociale de l'Etat. Sa révision était annoncée pourtant nécessaire avant qu'elle ne soit remise au frigo ; une quelconque remise en cause de cette politique de soutien social serait porteuse d'ennuis politiques, à quelques encablures d'une échéance électorale décisive. À l'heure actuelle, l'Exécutif se garde de sortir le rabot de ses cartons. La conjoncture politique ne s'y prête pas. En matière de dépenses d'équipement, néanmoins, le gouvernement a décidé de réduire sa voilure au titre du prochain exercice, révisant à la baisse les budgets dédiés à l'investissement. Les dépenses d'équipement devraient ainsi se contracter, à raison de -6,1% pour les autorisations de programme et de -12,2% pour les crédits de paiement, lit-on sur TSA. En 2017, le gouvernement Ouyahia avait jugé nécessaire de rompre avec deux exercices marqués par une forte baisse des budgets d'équipement (16% en 2016 et 28% en 2017), plaidant ouvertement, dans sa loi budgétaire de l'actuel exercice, en faveur de la croissance et de l'absorption du chômage. Le même gouvernement revient sur ses décisions, n'hésitant point à remettre en cause ses mesures en faveur de la croissance. L'avant-projet de loi de finances pour 2019 sera marqué d'ailleurs par un net ralentissement de la croissance économique, révisée à 2,6% seulement. Cette moindre croissance aura forcément un impact sur le déficit public ainsi que sur le chômage. La fonte des réserves de change s'accélère Alors que le gouvernement prévoit pour 2019 un déficit de 10,4 milliards de dollars de la balance commerciale, les comptes extérieurs resteront sous pression avec, au tableau, un déficit de -17,2 milliards de dollars de la balance des paiements l'année prochaine. Les prévisions pour 2020 et 2021 lèvent le voile sur des déficits respectivement de -14,2 et de -14 milliards de dollars. L'incapacité du gouvernement à réduire les déficits se traduirait par une accélération de la fonte des réserves de change sur la période 2019-2021. Le solde attendu pour 2019 se situerait à 62 milliards de dollars, à 47,8 milliards de dollars en 2020 et à 33,8 milliards de dollars en 2021. Dans son envie de maîtriser l'envolée de la facture des importations, le gouvernement prévoit une économie de 2,2 milliards de dollars seulement sur la période 2019-2021, alors que les recettes d'hydrocarbures n'évolueront que de 2 milliards de dollars sur la même période. Pour ainsi dire, le gouvernement semble mettre de côté les principes de rigueur budgétaire exigée par l'état de détérioration des positions financières du pays. L'Exécutif se permet plutôt le luxe de perpétuer sa politique d'expansion budgétaire, l'investissement non concerné, mettant à rude épreuve les projets de sortie de crise, déclassés semble-t-il par des enjeux d'ordre politique liés à la succession. Au chapitre fiscal, l'Exécutif, une fois n'est pas coutume, assure le service minimum — cette fois-ci — marquant une pause dans son matraquage fiscal contre les ménages et les classes moyennes, en particulier. Selon TSA, le gouvernement veut mettre à contribution les entreprises dans le budget de 2019, incluant dans l'avant-projet de loi budgétaire de cet exercice des taxes sur les ventes sur Internet ainsi que sur les budgets publicitaires des entreprises. Force est de constater, dans ce domaine, le peu d'engagement chez le gouvernement à même de mener une sérieuse et profonde réforme de la fiscalité, se contentant de "mesurettes" susceptibles d'améliorer les scores en matière de fiscalité ordinaire. Ali Titouche