Le "poète de la révolution" et ancien détenu du Hirak, Mohamed Tadjadit (26 ans), poursuit sa grève de la faim entamée le 27 décembre 2020, ont affirmé, hier à Liberté, ses avocats. Arrêté le dimanche 23 août par des agents en civil à Aïn Taya, côte est d'Alger, avant d'être incarcéré quelques jours plus tard, le natif de La Casbah entend par cet acte protester contre la décision de prolongement de la durée de sa détention prise par le juge d'instruction du tribunal de Bab El-Oued (Baïnem) à son encontre. Selon le collectif de défense, Mohamed Tadjadit observe une grève de la faim à la prison d'El-Harrach, en compagnie de Ben Rahmani Abdelhak (surnommé Merouane), placé sous mandat de dépôt en octobre 2019, et Noureddine Khimoud (Nadjib Miliano), en prison depuis le 27 août dernier. Les détenus sont poursuivis dans le même dossier pour quasiment les mêmes accusations liées essentiellement à des publications sur Facebook : "Affichage de publications de nature à saper l'unité nationale", "incitation à attroupement non armé", "attroupement non armé", "mise en danger de la vie d'autrui en appelant à un rassemblement pendant la période de quarantaine", "offense au président de la République", "outrage à corps constitués", "atteinte à l'unité et à la sécurité nationales", "publication de nouvelles susceptibles de nuire à l'ordre public et à la sécurité publique", "publication de discours de haine comprenant un appel à la violence" et "discrimination et propagation du discours de haine en utilisant les technologies de l'information et de la communication". Les avocats ajoutent également que leurs mandants ont été isolés dans une cellule à part et qu'on leur administre de l'eau sucrée. "Ils sont très affaiblis, bien que suivis médicalement", disent-ils. De son côté, la famille Tadjadit s'inquiète de l'état de santé de son fils, a fait savoir son père, en assurant à Liberté avoir tenté de le convaincre de rompre sa grève de la faim, au terme d'une visite qu'il lui a rendue hier. Son frère a, pour sa part, assuré sur son compte Facebook que l'état de santé de Mohamed est "très critique", tout en ajoutant que "la responsabilité entière incombe à l'Etat qui doit assumer ses responsabilités si jamais il arrivait malheur à leur fils". Il est à rappeler que Mohamed Tadjadit a déjà passé près de deux mois en prison, du 14 novembre 2019 à janvier 2020, après avoir été arrêté lors d'un rassemblement devant le tribunal de Sidi M'hamed en soutien aux détenus d'opinion. Le 19 décembre 2019, il a été condamné à 18 mois de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale". Le 2 janvier, il a été libéré, ainsi que 75 autres détenus, dans le cadre de ce qui était considéré comme une "mesure d'apaisement".