En prévision des futures échéances électorales, le parti du Front de libération nationale, rejeté par le Hirak populaire, éclaboussé par l'emprisonnement de deux de ses anciens SG, en proie à une profonde crise interne, s'emploie à revenir sur le devant de la scène. Mais comme souvent pour ce parti-Etat, l'entreprise s'accompagne de manœuvres et de luttes intestines. Pour espérer retrouver une nouvelle place au soleil, la direction du FLN n'hésite pas à recourir à la bonne vieille recette, tradition de la maison : la manœuvre. Dans l'espoir d'avoir une chance d'être tête de liste de son parti à Alger, Baâdji Abou El-Fadhl, le secrétaire général du parti, qui résidait jusque-là à M'sila d'où il est originaire, s'est fait établir une adresse à Alger. En parallèle, il lance une purge dans les structures locales. Censé organiser le congrès ordinaire de son parti fin novembre dernier, l'ancien conseiller du ministre de la Justice a décidé de limoger la majorité des responsables locaux de sa formation politique qui sont en poste depuis au moins 2014. Pour lui, il s'agit d'une opération visant à "renouveler" les instances du parti. Des décisions qui s'ajoutent donc à celle de son refus de tenir le congrès qui devait, en principe, permettre la désignation d'un nouveau secrétaire général, puisque le mandat de l'actuel responsable devait s'achever statutairement fin novembre. Mais toutes ces décisions ont fini par agacer des cadres et militants du parti. C'est ainsi que des membres du conseil national ont initié une pétition visant à provoquer "dans de brefs délais" une réunion du comité central, afin d'écarter Baâdji Abou El-Fadhl. Pour l'instant, le nombre des pétitionnaires ne dépasse pas 170 personnes, apprend-on auprès d'un ancien cadre du parti. Mais les contestataires ne désespèrent pas de réunir le nombre requis, les 2/3 des 490 membres du comité central, en vue d'organiser la rencontre vers "le15 ou le 20 janvier au plus tard". Notre source est formelle : les jours de l'actuel secrétaire général du FLN "sont comptés". Si beaucoup de cadres et responsables sont d'accord pour démettre l'actuel secrétaire général, il reste qu'ils ne s'entendent pas sur la procédure à adopter. C'est le cas, par exemple, de l'inusable Mohamed Alioui, membre du bureau politique et vieille figure du FLN. L'homme, que nous avons joint hier par téléphone, dit que son action se limite pour l'instant à un "retrait du bureau politique" à cause d'un désaccord avec Abou El-Fadhl, mais il refuse de s'inscrire dans une quelconque pétition. "Non, je ne signe aucune pétition. Mon désaccord avec le secrétaire général est politique. Il est lié à son refus d'organiser un congrès. Mon seul souci est que mon parti soit remis sur les rails", a insisté le président de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). Ce dernier trouve "anormal que tous les partis aient réussi à organiser leurs congrès et à se doter de directions légitimes sauf le FLN". Pendant ce temps, Baâdji Abou El-Fadhl poursuit son positionnement en perspective des élections législatives. Dans son entourage, il assure qu'il jouit du soutien des hautes autorités du pays, à commencer par celui du chef de l'Etat. Ce que lui dénient ses adversaires en l'accusant de vouloir garder les rênes du parti pour des considérations électoralistes. Toutes nos tentatives de joindre le secrétaire général du FLN et son entourage sont restées vaines.