C'est un retour intrigant. En pleine crise sanitaire les anciens partis du pouvoir, le FLN et le RND, comptent se refaire une santé. Alors que les Algériens sont confinés pour éviter la propagation de l'épidémie, les deux partis s'apprêtent à revenir sur scène. Ainsi, le RND tiendra les 28 et 29 mai un congrès extraordinaire pour élire un nouveau secrétaire général qui succèdera officiellement à Ahmed Ouyahia, en prison depuis juin 2019. Devant se tenir au mois d'avril, cette rencontre a été reportée à cause de la pandémie de Covid-19. À quelques jours de ce regroupement, les militants de ce parti, qui paie les contrecoups des manifestations populaires et de la détention de son ancien secrétaire général, ne savent pas quel sera l'avenir du RND. Contrairement aux années précédentes, peu de personnes se bousculent pour remplacer Ahmed Ouyahia, dont l'image est associée à ce parti "né avec des moustaches" en février 1997. Mais l'ancien président de l'APC d'Alger-Centre, l'actuel directeur général de la Safex, Tayeb Zitouni, semble être bien parti pour diriger le parti. L'actuel secrétaire général par intérim, Azeddine Mihoubi, serait également tenté par une candidature. Mais l'homme a subi tant d'attaques ces derniers temps qu'une adhésion à sa candidature est difficile à imaginer : avant de faire l'objet d'une interdiction de quitter le territoire national suite à une enquête sur sa gestion du ministère de la Culture, sa candidature à la présidentielle de décembre dernier avait divisé les militants et poussé des cadres à quitter le parti. Par ailleurs, les membres du comité central du FLN se réuniront, les 30 et 31 mai, pour désigner un nouveau secrétaire général. L'ancien parti unique est accessoirement dirigé, par intérim, par Ali Seddiki depuis que le secrétaire général "élu", Mohamed Djemaï, a été emprisonné en août 2019. En attendant, des candidats ont déjà affiché leurs intentions. Il s'agit notamment de Djamel Benhamouda, déjà candidat contre Djemaï. "Il est le mieux placé", affirme-t-on du côté du FLN. Saïd Lakhdari, député et mouhafedh de Tizi Ouzou est aussi de la partie. Il en est de même pour le sénateur Abdelwahab Benzaïm, de Mustapha Khelileche, de Baâdji Abou El-Fadhl ou de Mohamed Kherchi. Des observateurs de la scène politique ne manquent pas de s'interroger sur ce retour soudain de ces deux partis qui ont servi de béquilles pour le système Bouteflika. Vont-ils être remis en selle ?