Après ses déclarations dans lesquelles il annonçait à la Radio nationale la date de la réception des premiers lots de vaccin anti-Covid, le directeur général de la prévention et de la promotion de la santé et porte-parole du Comité scientifique a été vertement recadré par sa tutelle. La gestion du dossier d'approvisionnement en vaccin anti-Covid ne cesse de virer à la polémique entre les principaux acteurs chargés de mener à bon port l'achat de l'antidote de fabrication russe. Cette fois-ci, c'est autour des délais fixés pour l'arrivée des premiers lots de vaccin anti-Covid qu'un certain cafouillage est constaté. Et c'est une déclaration du Dr Djamel Fourar, directeur général de la prévention et de la promotion de la santé et porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19, qui a visiblement déclenché la fureur du ministère de la Santé. Pour comprendre le pourquoi de ce cafouillage, il est nécessaire de reprendre les propos du Dr Fourar sur les ondes de la Radio nationale. Il a, en effet, considéré "imminente l'arrivée des premiers lots". Et de préciser encore : "C'est vraiment imminent, probablement demain (hier mardi 12 janvier, ndlr) ou après-demain (aujourd'hui mercredi 13 janvier 2021, ndlr)." Interrogé par la Radio nationale quant à la date de réception des lots de vaccin, le Dr Fourar a donc avancé l'échéance du "mardi (12 janvier) ou mercredi (13 janvier)". Et quelques heures seulement après, le ministère de la Santé a apporté un démenti cinglant à la déclaration du porte-parole du Comité scientifique. En effet, le département ministériel d'Abderrahmane Benbouzid a rendu public, lundi en fin de journée, un communiqué dans lequel il infirme les propos de son cadre central, en rappelant que "l'arrivée du vaccin anti-Covid-19 est programmée pour le mois en cours et s'engage à informer les citoyens dès sa réception", peut-on lire dans le communiqué laconique relayé par l'agence APS. En fait, les services compétents du département de Benbouzid ont réfuté les deux dates avancées par le directeur de la prévention. Le ministère a imputé ce cafouillage autour de la date de réception de l'antidote aux médias et sites électroniques qui ont, selon le ministère, "mal interprété" les propos du Dr Fourar. "Le directeur général de la prévention et de la promotion de la santé et porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la Covid-19 n'a, en aucun cas, affirmé la réception dudit vaccin", lit-on encore. Cette déclaration sonne, toutefois, comme un désaveu qui ne dit pas son nom. Pourquoi a-t-on désavoué un haut responsable qui intervenait sur un média public officiel ? Que cache ce désordre médiatique à quelques jours du début de la campagne nationale de vaccination anti-Covid ? En somme, tous les journaux électroniques et même les quotidiens nationaux et régionaux n'ont pas manqué, à travers leurs éditions respectives, de relayer et de donner en manchette la date d'arrivée des premiers Sputnik V pour hier mardi ou aujourd'hui mercredi. Pourquoi un tel désordre médiatique ? S'agit-il d'une course à la primauté d'annonce ? A priori, le démenti du ministère suggère carrément que le rôle de tout un chacun est défini sur papier. En clair, les missions des uns et des autres sont clairement déterminées. Autant souligner que l'annonce de la date d'arrivée et encore moins celle du début de la campagne nationale de vaccination ne sont pas du ressort du directeur général de la prévention et de la promotion de la santé. La mise au point du ministère rappelle que de telles annonces ou de tels faits relèvent directement des prérogatives du Premier ministre ou du ministre de la Santé. Le communiqué diffusé, avant-hier soir par l'APS, vient en droite ligne de la position exprimée par le ministre de la Santé, le 8 décembre dernier, à l'occasion d'une journée d'étude où il avait dénoncé l'incartade commise par certains hauts responsables autour de la date du début de la vaccination. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique et le directeur général de l'Agence de la sécurité sanitaire s'étaient permis de se prononcer, par médias interposés, sur la stratégie vaccinale et le délai de lancement de l'opération. Le ministre de la Santé avait considéré que "ces opinions se déclinent en fait comme des initiatives personnelles qui n'engagent en aucun cas la responsabilité du Comité scientifique". Il est bon de rappeler aussi, dans le même contexte, une autre controverse née au lendemain de la réunion de haut niveau du 21 décembre consacrée à l'acquisition du vaccin anti-Covid et lors de laquelle des membres du Comité scientifique n'y avaient pas pris part. Des experts du Comité qui n'avaient pas assisté à la rencontre ordonnée par le chef de l'Etat se sont demandés s'ils étaient simplement oubliés ou carrément écartés ? D'ailleurs, certains observateurs se sont s'interrogés sur l'éventuelle existence d'un malaise au sein de l'instance scientifique.