Trois soldats maliens ont été tués jeudi dans le centre du pays par un engin explosif improvisé attribué aux jihadistes, alors que l'ONG Human Rights Watch a appelé à l'ouverture d'une enquête sur une frappe aérienne française dans le centre du pays qui a tué 19 civils selon des habitants locaux. Les trois membres de la Garde nationale, l'un des corps de l'armée malienne, ont trouvé la mort quand leur véhicule a sauté sur un explosif entre Koro et Mondoro, près de la frontière avec le Burkina Faso, dans le centre du Mali, un des foyers de la violence polymorphe qui ensanglante le Sahel, ont indiqué deux responsables militaires sous le couvert de l'anonymat. Sur un autre chapitre, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé jeudi une enquête "rapide et impartiale" sur une frappe aérienne française dans le centre du Mali qui a coûté la vie à au moins une vingtaine de personnes lors d'un mariage dans le village de Bounti, le 3 janvier. Les autorités françaises et maliennes martèlent que les avions de chasse français ont visé et éliminé des dizaines de jihadistes et qu'il n'y avait ni mariage, ni femmes, ni enfants. Les "graves allégations selon lesquelles des civils auraient été tués dans des frappes aériennes doivent faire l'objet d'une enquête rapide afin de déterminer la légalité des frappes au regard des lois de la guerre", a déclaré Jonathan Pedneault, chercheur auprès de la division crises et conflits à HRW, cité dans un communiqué. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) ont déjà demandé l'ouverture d'une enquête indépendante. La coordinatrice au Mali du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Amy Martin, a également estimé "important que toute la lumière soit faite sur cet événement". Une enquête a déjà été ouverte par la Mission de l'ONU au Mali, la Minusma. Dans ce cadre, des manifestants maliens ont été blessés mercredi après la dispersion d'une marche contre la présence des forces françaises à laquelle ont appelé les dirigeants du collectif formé d'organisations de la société civile, de partis politiques et d'activistes. Selon des médias maliens, plusieurs membres du CNT figurent parmi les organisateurs de ce rassemblement prévu devant le Monument de l'indépendance dans la capitale malienne. Sur le plan politique, l'ONU signale des "avancées incontestables" dans le processus de la mise en place des organes de transition "mais le chemin reste encore à faire", en pointant du doigt "la détérioration de la situation socioéconomique caractérisée par une multitude de grèves dans les différents secteurs d'activités". Le CNT, installé début décembre 2020, fonctionnera comme une Assemblée nationale, et est chargé de la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger.