De plus en plus de voix appellent l'Union africaine à jouer un rôle plus accru dans la résolution des crises politiques et sécuritaire sur le continent africain. Après l'Ethiopie, qui abrite le siège de l'organisation continentale, c'est au tour des Libyens de solliciter le parrainage "immédiat" de l'Union africaine qu'ils estiment être la seule à pouvoir sortir leur pays de la crise en les réconciliant. "Nous réitérons notre appel à l'Union africaine à parrainer immédiatement la voie de la réconciliation nationale et à ne pas attendre la permission pour cela, car l'Afrique est la seule à pouvoir jouer ce rôle, en raison de ses expériences antérieures et de sa connaissance de la question libyenne et sa spécificité", a affirmé le représentant permanent de la Libye à l'ONU, Taher al-Sunni, dans son intervention devant le Conseil de sécurité, a rapporté l'APS. "Le problème en Libye n'est pas de partager le pouvoir ni d'occuper des positions, le vrai problème est que les blessures ne sont pas cicatrisées depuis 2011", a-t-il expliqué, en référence aux rivalités tribales qui se sont aggravées ces dernières années, malgré les efforts de médiation et les nombreuses initiatives menées en interne et à l'international pour réconcilier les différentes parties. Les vieux contentieux opposant les trois principales régions historiques libyennes — la Tripolitaine (ouest), la Cyrénaïque (est) et le Fezzan (sud) — ont ressurgi à la faveur de la lutte politique qui fait rage entre le Gouvernement d'unione nationale (Tripoli) et les autorités parallèles de l'Est libyen et son homme fort, le général Khalifa Haftar. Cela a réveillé les démons de la scission que certains acteurs libyens et la communauté internationale veulent éviter à tout prix, déjà que le système fédéral prôné par certaines voix est rejeté par d'autres. La demande libyenne va avec celle de l'Union africaine qui n'a pas cessé d'appeler l'Organisation des Nations unies de l'associer avec sa mission en Libye, dénonçant son exclusion de la gestion des questions liées aux problèmes du continent. Il est vrai que l'UA dispose d'un groupe de travail sur la Libye, mais sa mission se limite jusque-là à tenter de rapprocher les points de vue des Libyens, alors que le processus de paix est chapeauté par l'ONU. Des pays africains, à leur tête l'Algérie et la Tunisie, estiment aussi que seuls les Libyens sont en mesures de régler la crise que vit leur pays, affirmant que le rôle de l'ONU est surtout d'accompagner le dialogue libyen-libyen inclusif et de trouver le moyen de mettre fin aux ingérences étrangères qui maintiennent le statut quo à Tripoli. Le diplomate libyen a d'ailleurs tenu à rappeler à l'ONU la nécessité de soutenir le fragile processus en cours en Libye, affirmant que "le Conseil de sécurité doit octroyer un mandat aux Nations unies pour soutenir l'ensemble du processus électoral, assurer la transparence, l'intégrité et le respect des résultats, la liberté de participation de tous les Libyens, à l'intérieur et à l'extérieur" du pays. M. Al-Sunni a appelé également le Conseil de sécurité à respecter le fait que "la solution doit être détenue par les Libyens et dirigée par les Libyens (...) et de rendre une décision qui confirme le cessez-le-feu, soutient la piste politique, tient pour responsables les fauteurs de troubles".