Les concernés ont recouru à cette action extrême pour dénoncer ce que leur défense qualifie d'incarcération injuste, mais aussi pour s'élever contre les dépassements et le non-respect des procédures par les autorités judiciaires. Arrêtés pour leurs opinions politiques, pour des publications sur les réseaux sociaux et des marches pacifiques auxquelles ils ont participé, douze détenus à la prison d'Aïn Soltane à Bordj Bou-Arréridj, Brahim Laâlami, Ali Chernine, Hamid Hadjam, Abderrazek Abache, Azzedine Boutaba, Nabil Bahloul, Moussa Laâlami, Lahcène Ben Cheikh, Azzedine Ben Belkheir, Hacène Zebiri, Mourad Challiga et Mohamed Touahria, qui protestent contre leur emprisonnement pour des délits d'opinion, ont observé une journée de grève de la faim. Hier, le collectif des avocats de la défense, qui a publié un communiqué de presse dans lequel il a expliqué les conditions dans lesquelles travaillent les avocats de la défense, réitère son soutien aux détenus d'opinion et à toutes les personnes poursuivies dans ce cadre. "Les prisonniers d'opinion détenus dans la prison de Bordj Bou-Arréridj annoncent avoir observé une grève de la faim d'une journée pour dénoncer leur incarcération pour des délits d'opinion", écrit le collectif des avocats des prisonniers d'opinion de Bordj Bou-Arréridj. Il précise que les détenus d'opinion ont recouru à cette action extrême pour dénoncer leur "incarcération injuste" et pour exprimer leur "position inchangée envers ce système". Les avocats dénoncent ce qu'ils appellent des dépassements et le non-respect des procédures et la non-application de la loi. "Nous avons constaté, par exemple, que toutes les poursuites judiciaires qui avaient pour objet des publications sur les réseaux sociaux ont été faites sans autorisation préalable de la justice pour accéder à ces pages, comme le stipule la loi", lit-on sur le communiqué, qui ajoute : "Nous avons constaté la poursuite et la condamnation d'un jeune à la prison ferme sur des faits antérieurs à la loi en ignorant qu'une loi ne peut avoir un effet rétroactif que si le législateur s'est expressément prononcé sur ce point." Me Mounir Gherbi, l'un des avocats du collectif de défense, joint par téléphone, nous a expliqué qu'en termes de droit algérien, le principe de non-rétroactivité des lois est considéré comme une des pierres angulaires de la sécurité juridique. "Le principe de non-rétroactivité de la loi est l'inapplicabilité de la nouvelle loi sur les actes et relations juridiques qui se seraient produits avant son entrée en vigueur, ainsi que sur les effets de ces actes et relations, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible qu'une nouvelle loi puisse régir des situations", précise l'avocat, ajoutant que la condamnation de l'activiste Lahcène Bencheikh, en première instance et en appel, a été prononcée sur des faits antérieurs à la loi. Le collectif des avocats rappelle qu'il recense tous les dépassements et qu'il agit selon ses convictions et en total respect des lois en vigueur. À cette occasion, le collectif des avocats annonce son retour à assurer la défense des mis en cause d'opinion après avoir suspendu temporairement ses activités le 25 janvier dernier. Chabane BOUARISSA