La menace d'une guerre ouverte entre les islamistes radicaux et l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas se précise. Hamas, qui s'est accaparé du succès du retrait israélien de Gaza, n'a pas l'intention de rentrer dans le rang, ni de ranger ses armes, comme l'exige le président palestinien. Le mouvement de feu cheikh Yacine, dont le recul de popularité vient d'être confirmé par le dernier round des municipales arrachées haut la main par le Fatah de Abbas, n'a pas hésité à attaquer un poste de police dans le camp de Chatti, à Gaza, faisant trois morts et une cinquantaine de blessés. Les activistes de Hamas ont attaqué la police au lance-roquettes antichar, à la grenade et ont ouvert le feu avec leurs armes automatiques. Selon les forces de sécurité palestiniennes, les incidents ont éclaté après une altercation entre Rantissi, un fils du dirigeant du Hamas, assassiné par Israël en avril 2004, et un autre Palestinien devant un distributeur automatique de billets. Rantissi a appelé à la rescousse ses condisciples armés du Hamas et la police est intervenue pour tenter d'arrêter les militants en vertu d'une loi interdisant le port d'armes dans les rues de Gaza, votée quelques jours plus tôt. Les militants du Hamas ont refusé de remettre leurs armes et ont ouvert le feu. Les incidents se sont alors multipliés dans plusieurs quartiers de l'enclave, bastion du Hamas. Le calme est revenu mais la tension est toujours palpable, la police ayant considérablement renforcé sa présence après avoir exigé le départ du Premier ministre Qoreï, qu'elle accuse de laxisme face aux islamistes radicaux. Les députés se sont alignés sur cette exigence et, théoriquement, Abbas devra nommer le remplaçant de Qoreï sous quinzaine. Le Parlement palestinien a également exigé le limogeage de tous les chefs de la police, accusés d'incompétence. Tout porte à penser que c'est la rupture entre Hamas et le président palestinien, décidé à mettre au pas tous les radicaux. Le dos au mur depuis le retrait des Israéliens de Gaza, il n'a pas d'autres perspectives que d'exaucer son engagement de désarmer les milices avant la reprise du dialogue politique avec Israël. Le risque d'un embrasement interpalestinien n'est, cependant, pas à écarter. Malgré les pressions de Abbas, les principaux mouvements, notamment le Hamas et le Djihad islamique, s'obstinent dans leur refus de déposer leurs armes et se disent même prêts à prendre les armes contre l'Autorité palestinienne pour se défendre. D. Bouatta