“Le recours aux armes a été nuisible, et il doit cesser”, a déclaré Mahmoud Abbas au quotidien londonien Al Sharq Al Awsat. Abou Mazen a insisté sur “la nécessité de maintenir l'Intifadha loin des armes”. La sortie médiatique du nouveau numéro un palestinien constitue un changement radical dans la politique de l'Organisation de libération de la Palestine vis-à-vis d'Israël. En effet, après plus d'un demi-siècle de lutte armée contre l'Etat hébreu, les Palestiniens s'apprêtent-ils à ranger leurs armes pour se satisfaire uniquement de négociations ? C'est du moins l'avis de Mahmoud Abbas. Ce dernier aura surpris plus d'un par son annonce même s'il a toujours été favorable à la démilitarisation de l'Intifadha contre l'avis de Yasser Arafat. Les deux mouvements islamistes palestiniens l'ont violemment rejetée hier. En effet, Hamas et le Djihad islamique ont annoncé leur opposition à une telle éventualité. “De telles déclarations vont à l'encontre du consensus au sein de notre peuple sur la légitimité de la résistance”, a insisté Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas. Quant à Mohamed Al Hindi, un haut responsable du Hamas, sa réaction est plus violente en disant qu' “il est illogique qu'on soit tué sans être en mesure d'assurer notre légitime défense”, avant d'ajouter : “Le peuple palestinien a besoin d'armes pour la résistance contre l'occupation israélienne.” Les deux mouvements ont cependant exclu toute collision avec l'Autorité palestinienne pour l'instant, privilégiant le dialogue. Côté israélien, le chef de l'Etat Moshé Katzav a rendu un vibrant hommage à Mahmoud Abbas pour son appel à l'arrêt de la lutte armée. “C'est une position qui reflète un sens des responsabilités et le souci de défendre les intérêts des Palestiniens”, a commenté le président israélien, sans manquer de préciser que “c'est une approche qui mérite l'estime”. Washington n'a pas tardé à se féliciter de cet appel en le saluant comme il se doit par le porte-parole de la maison Scott McClellan. “Combattre le terrorisme et mettre fin à la violence sont décisifs pour aller de l'avant dans la construction d'institutions permettant à un Etat palestinien viable d'émerger”, a indiqué l'officiel américain. La sortie de Mahmoud Abbas est logique par rapport à ses précédentes positions dans les relations israélo-palestiniennes. Il a toujours tenté de contrôler le chaos sécuritaire prévalant dans les territoires palestiniens lorsqu'il était Chef du gouvernement. Ses tentatives avec le soutien du colonel Mohamed Dahlane de prendre le contrôle des services de sécurité palestiniens se sont soldées par son limogeage du poste de Premier ministre par Yasser Arafat. Depuis le décès de ce dernier, la confirmation du retrait israélien de la bande de Gaza et le rapprochement entre Le Caire et Tel-Aviv ont concouru pour que des concessions soient effectuées de part et d'autre entre Israéliens et Palestiniens. Mahmoud Abbas a fait le premier pas. Il appartient à Sharon d'en faire de même. Le geste d'Abou Mazen risque de transformer toute la région. K. A