Un amphithéâtre de l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information portera, désormais, le nom de celui que l'on peut considérer comme l'universitaire le plus proche du monde des médias. Nombreux sont ceux qui ont répondu présent hier à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI), pour rendre hommage au professeur Ahmed Brahimi, dit Brahim, ancien directeur de l'établissement, trois ans après sa disparition à l'âge de 72 ans. Ainsi, un amphithéâtre du 1er étage de l'école portera, désormais, le nom de celui que l'on peut considérer comme l'universitaire le plus proche du monde des médias. Hier, la plaque du nom de l'ancien directeur de l'école a été dévoilée, en présence de Farida Benzidoun Brahimi, sa veuve, de sa famille, de ses amis et de ses anciens collègues. Plus connu sous le nom de Brahim Brahimi, le défunt est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Le pouvoir, la presse et les intellectuels en Algérie (1989), Le pouvoir, la presse et les droits de l'Homme (1998) et Le droit à l'information à l'épreuve du parti unique (2002). Il était diplômé de l'Institut de journalisme d'Alger et de l'Institut français de presse et était titulaire de deux doctorats en sciences de l'information et en sciences politiques soutenus à l'Université Paris II. Brahim Brahimi était derrière la création, en octobre 2009, de l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI), qu'il a dirigée jusqu'à son départ à la retraite, en 2013. Parmi les personnes venues lui rendre hommage, certains l'ont connu en tant que professeur, d'autres comme collègue, camarade, ami, parent, ou encore activiste politique, ou auteur. Zoubir Chaouch Ramdane, ancien directeur de l'Institut national de l'information et de la communication, a salué l'homme qu'il était. "Quand on parlait du droit de l'information et de la liberté d'expression, il était incontournable. C'était une référence." Et d'ajouter : "Le professeur Brahimi incarnait la modestie, la disponibilité, c'était quelqu'un qui ne faisait jamais de calculs. Il avait ce courage de parler de choses qui sont, parfois, pour nous internes, il n'avait pas de secrets. Il avait aussi l'avantage d'être activiste politique et proche des journalistes." Abdeslam Benzaoui, l'actuel directeur de ENSJSI, a, pour sa part, évoqué la générosité du défunt. "Le professeur partageait son salaire avec nous. C'était quelqu'un d'humain, très spontané, et même quand il était directeur de l'école, qu'on lui reprochait de l'être en lui rappelant qu'il y avait le droit de réserve et qu'il fallait aller doucement, il nous répondait : ‘Je ne me soucie guère de ce qu'ils peuvent penser'", a-t-il témoigné, avant d'ajouter qu'il lui devait beaucoup : "Ahmed m'a formé et aidé à connaître beaucoup de choses." Il a, par ailleurs, proposé d'organiser une journée d'étude sur l'œuvre universitaire de Brahimi, car, selon lui, "la nouvelle génération a beaucoup à apprendre de ses travaux". Très peiné, Abdelkader, dont l'émotion se lisait sur le visage, a pris aussi la parole et rappelé les moments forts qu'ils ont partagés : "Il a été, et il sera toujours un ami, un frère, quels que soient le temps et l'espace. Je l'ai côtoyé quand il était maître-assistant à l'Institut des études politiques (IEP)." Tout en révélant qu'il l'a côtoyé en France et en Algérie, c'était dans "l'espace parisien où nous avons préparé notre doctorat ensemble où nous jouissions de ces moments de plaisir intellectuel, parce qu'il y avait un échange intellectuel à la bibliothèque. Depuis ce temps-là, il disait toujours : ‘Je combattrai la médiocrité, je resterai fidèle à mes convictions, à la fois intellectuelles et politiques'". Ramdane Djazaïri, journaliste et ancien élève du défunt Ahmed Brahimi, a rappelé, après confirmation de Mme Vve Farida Benzidoun Brahimi, que le défunt avait refusé le poste de ministre de l'Information pendant les années 90 dans le gouvernement de Rédha Malek. Il n'a, en outre, pas tari d'éloges sur sa modestie. "Il nous considérait plus comme des amis que comme ses étudiants, et il lui arrivait même de nous déposer avec sa Renault 4 quand on ratait le transport." Imène AMOKRANE