Un vent de fraîcheur semble souffler sur les marchés pétroliers, avec des prix autour de 59 dollars le baril. La situation actuelle de hausse des cours du pétrole résulte, en fait, d'une conjonction de facteurs dont la reprise de la demande en Chine, la baisse des stocks de brut aux Etats-Unis et le respect de l'accord de limitation de la production signé entre l'Opep et ses alliés. L'économie chinoise, un des moteurs de la croissance mondiale, se remet progressivement de la crise sanitaire, tirant vers le haut la consommation d'énergie, avec des raffineries tournant à un niveau proche de leurs capacités d'avant la pandémie. En outre, la campagne de vaccination contre le Covid-19 y va à un rythme de plus en plus accéléré, redonnant confiance aux marchés. Evidemment, dans un contexte économique tendu, la demande de pétrole en Chine, gros consommateur de brut, est scrutée à la loupe par les principaux acteurs du marché dont l'Opep. Cette dernière se montre confiante en sa capacité de soutenir un niveau de prix acceptable, de relever les défis qui se présentent, de façon stratégique et, surtout, de maintenir la cohésion en son sein. Pour l'heure, elle semble tenir bon, en faisant respecter les règles de l'accord de baisse de la production. Dans une déclaration faite à la presse, à l'occasion de la 26e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord Opep+ (JMMC) tenue, mercredi dernier, par visioconférence, le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, a, en effet, fourni des chiffres positifs, faisant ainsi savoir que le taux de conformité aux quotas de production prévus dans le cadre de cet accord a atteint "99%" au mois de décembre 2020. Et de détailler que le taux de conformité a grimpé à "103%" dans le carré de l'Opep et qu'il s'est situé autour de "93%" dans celui des non-Opep, ce qui donne un taux moyen de 99%. Cela montre que l'Opep et ses partenaires respectent scrupuleusement les termes de l'accord, redonnant ainsi de l'assurance aux marchés. En fait, la bonne application de l'accord a non seulement insufflé un nouvel élan aux prix de l'or noir, mais elle a également contribué à dégraisser les stocks de brut dans le monde. Selon Abdelmadjid Attar, les mesures adoptées par les pays exportateurs de pétrole depuis 2016 à travers l'accord de limitation de la production ont, effectivement, permis de faire baisser les stocks des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à près de "2,1 milliards de barils", permettant ainsi une "stabilité" du marché pétrolier et une "accélération du rétablissement" de l'équilibre entre l'offre et la demande. Attar affirme souscrire à une vision optimiste quant à l'avenir, n'écartant pas la poursuite de l'augmentation des prix du pétrole pour se stabiliser entre 50 et 60 dollars le baril cette année. Pourtant, certains experts sont moins optimistes, estimant que les marchés sont encore enveloppés de brouillard. Pour 2021, la valeur médiane du consensus Bloomberg — une agence américaine — pour le prix du Brent est de 50 dollars le baril. Par ailleurs, le prix du pétrole Brent devrait augmenter progressivement au cours des cinq prochaines années pour atteindre 62 dollars le baril en 2025, selon le dernier rapport sur les marchés pétroliers de l'Institut français du pétrole (IFP). En vérité, rien n'est encore définitif, et les prix pourraient basculer vers le bas, si l'économie mondiale ne se redresse pas rapidement. Et I'Opep et ses partenaires en sont conscients. D'ailleurs, Attar a appelé les pays de l'Opep à maintenir le plafonnement de la production et à compenser, si nécessaire, la surproduction enregistrée durant les derniers mois.