Toute la région du nord de la wilaya, sur une superficie de 256 km2, connue pour ses montagnes, ses routes sinueuses et dangereuses, ses villages enclavés et ses zones d'ombre, n'a pas d'hôpital. Les habitants des communes de la daïra de Djaâfra (Ilmayen, Teffreg, Colla et Djaâfra), au nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, appellent le ministre de la Santé à concrétiser le rêve de toute une région d'avoir un hôpital pour se soigner. Leur grief : des malades qui ne peuvent être admis à l'hôpital de Medjana ou de Bordj Bou-Arréridj pour manque de place, des femmes qui accouchent en route vers un établissement de santé se trouvant plus loin... Les habitants de la région demandent au ministre de la Santé de prendre l'initiative d'en faire un hôpital qui fonctionne 24/7. "Qu'il vienne nous rencontrer et surtout fasse une proposition ferme dans le prochain budget", réclament les citoyens qui souhaitent bénéficier des services d'un hôpital plus près de chez eux. En effet, toute la région du nord de la wilaya, sur une superficie de 256 km2, connue pour ses montagnes, ses routes sinueuses et dangereuses, ses villages enclavés et ses zones d'ombre, n'a pas d'hôpital. Les structures ne peuvent, dans bon nombre de domaines, jouer le rôle de l'hôpital qui fait cruellement défaut dans la région. Un des habitants du village de Takroumbelt (commune d'Ilmayen) explique que les habitants déplorent le niveau du service de santé dans la commune et se plaignent du fait qu'ils doivent se rendre à Akbou (wilaya de Béjaïa) ou au chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj pour des soins plus poussés. D'ailleurs, ceux-ci ne sont pas toujours disponibles. "Il y a environ deux semaines, un homme qui avait la gastro avait été transféré à l'hôpital de Medjana pour y être admis. Une fois sur place, on a informé ses proches qu'il n'y avait pas de place disponible et qu'il fallait revenir avec le malade le lendemain. Ils sont retournés chez eux et se sont tournés vers un médecin privé. Imaginez-vous ce qui serait advenu de cet homme si la famille n'avait pas les moyens ?", se demande Hamza, habitant de Boufenzer. La distance et le temps perdu sur la route sont aussi au cœur de la requête des habitants du nord de la wilaya en faveur d'un nouvel hôpital de Djaâfra. "J'ai accouché de ma fille dans la voiture qui m'emmenait à l'hôpital d'Akbou. Ça, c'était il y a plus de vingt ans. Mais que de nos jours des femmes continuent de subir le même sort alors qu'il n'y a toujours pas un hôpital plus près, c'est inacceptable !", s'insurge pour sa part Na Toutou, habitante d'Ilmayen. Akli, un jeune étudiant en médecine et habitant du village d'Awrir n'Djaâfra, fait ressortir également qu'il y a des services d'urgence dans cette vaste région qui font défaut alors qu'un hôpital dans la région aurait pu les fournir. "S'il y a un accident, les gens doivent attendre une ambulance, il n'y en a pas dans certaines communes, ou prendre un clandestin. De même pour un cas d'urgence cardiaque où chaque seconde compte. Il faut encore aller à Akbou, Medjana ou Bordj Bou-Arréridj", liste le jeune étudiant. Il estime qu'il est temps de simplifier la vie des habitants de cette région qui souffre de son éloignement des grands centres de santé. "Les habitants veulent un hôpital avec des spécialistes et les services nécessaires", soupirent les habitants de la région. "La réalisation d'un hôpital d'au moins 60 lits devient une urgence pour la population locale", insistent-ils.