Ils interpellent le wali afin qu'il intervienne et qu'il en fasse bénéficier les citoyens. En marge de l'ouverture de l'exposition des variétés d'olives de la région et du concours annuel de la meilleure huile de l'année, organisée par le professeur Guissous Mokhtar, chercheur à l'université Bachir-Ibrahimi de Bordj Bou-Arréridj, le comité du village de Achabou se dit abandonné et marginalisé. Un sentiment qui sera d'ailleurs renforcé par le fait que c'est le seul village qui reste sans gaz dans cette région de la wilaya qui souffre le martyre en hiver et en été. Les représentants du village des 53 chahids déplorent le fait que "le tracé du projet du réseau de gaz naturel a touché beaucoup plus les propriétés privées des villageois d'Achabou, alors que c'est les autres villages environnants, à l'image d'El-Main, Awrir n'Djaâfra, Takroumbelt…, qui en bénéficient et pas leur bourgade". Pour les habitants du village, il n'est plus question de revivre les souffrances vécues durant des années et à chaque intempérie de l'hiver. "En hiver, le gaz naturel dans cette bourgade est non seulement indispensable, mais vital", dira Khali Mokhtar, un des représentants du village. Par ailleurs, les signataires de la lettre ouverte se disent résolus à agir, y compris par des moyens extrêmes, "pour l'aboutissement de cette légitime revendication, refusant de ce fait d'être à la traîne dans la région, comme ce fut le cas de l'électricité et de l'AEP qui ont vu notre commune être la dernière à être servie". Le wali de Bordj Bou-Arréridj, Bekouche Ben Amar, connu pour sa franchise et ses actions en faveur des zones enclavées, n'a pas hésité à prendre en charge la doléance et promettre à la population qui est venue l'accueillir en masse d'activer les procédures. Le wali a promis que des "mesures seront prises en matière d'amélioration des conditions de vie, en accordant une importance accrue à la défense et la protection de l'environnement et en développant le secteur du tourisme", a-t-on estimé, et en partant du principe que tous les citoyens sont des "partenaires privilégiés" dans le développement local. Dans ce contexte, le premier responsable de la wilaya a même promis de développer le village de Achabou en zone touristique, vu sa situation stratégique dans les montagnes de la Petite Kabylie, en plein site forestier de Djaâfra et pas loin de Hammam Ebaynane. En effet, toute la région nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj est un véritable grenier de la culture algérienne et un énorme site touristique. La visite du wali a permis de déceler quelques éléments qui peuvent y attirer les touristes. Le village d'Achabou est l'un des sites que cache cette région de Kabylie. Le visiteur qui vient pour la première fois à Achabou est tout de suite frappé par la situation géographique : planté sur une montagne en pleine forêt, ses maisons en pierre taillée et ses toits en tuile rouge, ses oliviers et ses figuiers ancestraux, sa verdure à longueur d'année et la générosité de ses habitants qui luttent pour préserver cette richesse. Tout le monde se dit séduit par cette idée audacieuse de rendre le village un haut lieu touristique de la région. Le village deviendra dès lors un centre d'activité économique avec ces atouts culturels que sont les huileries anciennes, le patrimoine historique, l'architecture kabyle. Achabou est donc un haut lieu touristique. Le seul hic, c'est le manque de gaz naturel pour ne pas déforester le poumon de la région. Il faut relever que pour donner au projet "Village kabyle touristique" toutes les chances d'aboutir, les responsables de la wilaya doivent s'appuyer sur les habitants du village concerné qui se sont d'ailleurs impliqués et participent activement à la sauvegarde du site en résistant à l'exode. Chabane BOUARISSA