La vague d'indignation suscitée par les graves révélations de l'étudiant Walid Nekkiche, victime de sévices et de torture, "ne doit pas rester sans suite", ont affirmé, hier, des avocats qui se sont constitués en Comité contre la torture et les conditions carcérales inhumaines des détenus en Algérie. La Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement, le Comité national de libération des détenus et des membres du Collectif des avocats de la défense des détenus d'opinion se sont joints également à cette initiative qui se donne pour objectif l'abolition de la pratique de la torture en Algérie. "Ce qui est arrivé à Walid Nekkiche est abominable. Nous refusons de nous taire. Nous refusons la torture, l'arbitraire et l'omnipotence d'un Etat autoritaire et répressif. Nous nous sommes décidés à nous organiser en Comité contre la torture et les conditions carcérales inhumaines des détenus en Algérie", ont déclaré les initiateurs dudit Comité, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au siège de SOS Disparus, à Alger. "C'est une honte pour l'Algérie qu'un étudiant soit victime d'une telle abomination", a pesté l'avocate Nacéra Hadouche, initiatrice de la plainte déposée contre la torture subie par Walid Nekkiche. La ratification par l'Algérie, dès 1989, de la Convention contre la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants n'a pas empêché, déplore l'avocate, la poursuite de la pratique de la torture, ajoutant que "cela n'honore pas la mémoire des Ben M'hidi et autres martyrs qui se sont sacrifiés pour que les Algériens vivent libres dans leur pays". Dans sa prise de parole, Me Hadouche a, par ailleurs, affirmé que Walid Nekkiche a été doublement victime. "D'abord, à travers les sévices et la torture qu'on lui a fait subir, ensuite à travers l'ignorance de ces faits par le juge d'instruction qui n'a pas voulu entendre la victime", a expliqué Me Nacera Hadouche, affirmant que cela a été un véritable choc pour l'étudiant dont l'affaire a mis en émoi tout le pays. Evoquant l'enquête préliminaire déclenchée par le parquet pour faire toute la lumière sur cette affaire, Me Madjid Hachour a soutenu, pour sa part, que cette enquête ne doit pas être un "énième subterfuge pour calmer la colère et l'indignation nationale et internationale". "Il faut que justice soit rendue sur ce qu'a subi Walid Nekkiche pendant 6 jours à la ‘caserne Antar' et que ses tortionnaires soient identifiés et jugés", soutient l'avocat, rappelant, par ailleurs, que l'affaire Nekkiche est loin d'être un cas isolé. " Les conditions d'arrestation et d'incarcération des détenus d'opinion, rapporteés par les avocats, confirment des cas de maltraitance, de violence et de torture dans différentes structures de police et services de sécurité, ainsi que dans les prisons", a-t-il déploré, avant de faire le parallèle avec les abominations commises contre les Algériens durant la période coloniale.