Le ministre de l'Education a indiqué, hier, que cette révision s'effectuera dans les meilleurs délais. Il a également précisé qu'un cahier des charges sera instauré au niveau des directions d'établissement pour obligation de résultats. “Les directeurs ne feront plus ce qu'ils voudront”, prévient Boubekeur Benbouzid. Dorénavant, ils sont astreints à une discipline de fer qui les rend comptables de résultats à la fin de chaque année scolaire. Leurs prérogatives comme leurs obligations en matière de gestion et de pédagogie (conformément à la réforme) seront définies dans un cahier des charges, dont le ministre de l'Education a révélé la confection, hier, en marge d'une cérémonie qu'il a présidée à l'hôtel le Mouflon d'Or à l'honneur de 20 proviseurs et une dizaine de directeurs de CEM qui se sont distingués par les meilleurs résultats au niveau national depuis trois ans. Si leurs scores reflètent une amélioration du rendement du système éducatif, pour le ministre, “l'école est encore loin de l'objectif attendu d'elle”, soit l'éradication de la déperdition scolaire. “Notre but consiste à accompagner 90% des élèves à la fin du cycle présecondaire. Actuellement, ce taux est à peine de 67%”, constate M. Benbouzid. Les moyennes de succès aux différents examens lui inspirent un sentiment mitigé. “Si 40% des candidats sont admis, il faut avoir en tête que 60% ont échoué”, fait-il observer. Aussi la communauté scolaire est-elle en devoir de retrousser ses manches. Pour vaincre l'immobilisme et l'indifférence ambiante, la rigueur et la cœrcition sont les moyens arrêtés par la tutelle. “Très prochainement, des décrets seront promulgués. Ils portent sur une réglementation dont le but à terme est de responsabiliser les gestionnaires”, révèle le ministre. Outre l'obligation de résultats, les directeurs des établissements scolaires doivent faire valoir un profil en adéquation avec les besoins de leur poste. Désormais, ne pourront postuler à la charge de proviseur que les titulaires d'une licence ou d'un diplôme d'études universitaires équivalent. À l'issue d'un concours auquel ils seront soumis, les postulants seront astreints à une année de formation résidentielle. Les gérants des écoles primaires et des collèges doivent aussi être détenteurs de diplômes universitaires. “Je ne dis pas cela pour vous faire peur”, modère le ministre dans son adresse aux 30 directeurs conviés à Alger. À travers eux, il invite la communauté scolaire à travers le pays à une prise de conscience sincère. À cet effet, l'ensemble des responsables du primaire, du moyen et du secondaire est appelé à faire sa propre autocritique et à explorer les voies du salut. D'ailleurs, une instruction ministérielle est sur le point d'être envoyée à toutes les directions de l'éducation portant organisation de conférences régionales visant également à cerner les besoins au niveau local. “Le ministère vous aidera avec les moyens à sa disposition”, promet M. Benbouzid. En retour, les inspecteurs comme les directeurs doivent appliquer ses recommandations sans l'once d'une hésitation. “Chaque enseignant qui n'assure pas son cours écopera d'une ponction sur son salaire”, les instruit-il. “Le projet de l'établissement” en débat lors des conférences régionales spécifie ainsi une série de commandements. Celui qui viendrait à violer cette charte sera puni. La chasse aux mauvais directeurs et proviseurs a déjà commencé avec le limogeage d'un certain nombre d'entre eux, notamment dans la capitale. Revenant sur ces sanctions ayant fait couler beaucoup d'encre, le ministre de l'Education s'est élevé contre leur exploitation syndicale. “Des syndicats font du commerce avec cette affaire. Qu'ils sachent que les responsables des établissements scolaires n'ont qu'un seul syndicat : l'Algérie.” À côté du bâton, Benbouzid s'est muni de la carotte pour encourager le corps enseignant et d'encadrement à travailler. “L'enseignant n'est pas oublié”, soutient-il avant d'annoncer que “le statut de l'enseignant sera révisé dans les meilleurs délais”. “Actuellement, des lois fondamentales sont au gouvernement (statut de la Fonction publique, ndlr) ; dès que le tour de l'éducation viendra, nous soumettrons nos propositions”, informe-t-il. Selon le locataire du département de l'Education, la loi en vigueur depuis le début des années 90 ne correspond plus ni aux besoins sociaux ni aux aptitudes professionnelles des formateurs. Interpellé justement sur la revalorisation des salaires des enseignants, il indiquera qu'elle interviendra avec le nouveau statut. En attendant, le cap est mis sur le recyclage avec un budget de 50 milliards de dinars. Une première promotion de 10 000 formateurs est retournée en classe cette année. Grâce à leurs performances, les enseignants des 30 meilleurs établissements du pays récompensés, hier, font figure d'élite. Leurs responsables ont obtenu des mains de M. Benbouzid des médailles de mérite et une promesse de voyage à Istanbul. Moins d'une dizaine des lycées et collèges primés sont de Relizane. Samia Lokmane