Alors qu'il semble maintenir sa "feuille de route" en mettant le cap sur les élections législatives, théoriquement attendues pour juin prochain, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a repris, dès son retour d'Allemagne, les consultations politiques avec les partis. Jusque-là, il a reçu six partis politiques issus pour la plupart de l'opposition. Mais les partis du pouvoir, notamment le FLN et le RND, en sont exclus. Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat mène des consultations politiques. Depuis son accession au pouvoir en décembre 2019, il a reçu à maintes reprises, plusieurs formations politiques et des personnalités. Mais ni le parti du Front de libération nationale (FLN), ni le Rassemblement national démocratique (RND) et encore moins TAJ ou le MPA, n'ont été conviés à ces concertations. C'est à croire qu'ils sont bannis. Ces formations, qui ont constitué la base sociale et politique du pourvoir d'Abdelaziz Bouteflika, sont comme descendues de leur piédestal. Des cimes du pouvoir o ù elles ont investi nombre d'institutions, elles sont presque devenues infréquentables, une espèce de "parias" d'un système qui pourtant a démontré à maintes reprises qu'il n'a pas coutume d'abandonner ses serviteurs. Il faut dire que même s'ils n'ont jamais quitté les rouages du pouvoir, ces partis ont été mis en veilleuse depuis le début du mouvement populaire en février 2019. Le FLN et le RND furent, en effet, des cibles privilégiées des manifestants qui ont attaqué certains de leurs bureaux et empêché leurs cadres de participer aux manifestations. Durant tous les mois qui ont suivi le début des manifestations, des dirigeants de ces partis, associés, à tort ou à raison, à la corruption et aux pratiques maffieuses en vogue durant les quatre mandats d'Abdelaziz Bouteflika, se sont éclipsés. Un effacement probablement tactique pour rebondir dès que la situation le permettrait. C'est ainsi que les premières tentatives de revenir sur la scène ont commencé avec l'annonce de la tenue de l'élection présidentielle. Alors que le RND avait soutenu, à contrecœur, son secrétaire général par intérim Azedine Mihoubi, candidat à la magistrature suprême, le FLN avait, lui, surpris tout le monde en tournant le dos à un "candidat de la famille". En effet, ses instances ne s'étaient pas prononcées, mais le secrétaire général de l'époque, Ali Seddiki, avait porté son dévolu sur le "candidat du RND" au détriment du membre du Comité central de son parti, Abdelmadjid Tebboune. Une fois arrivé à la magistrature suprême, Abdelmadjid Tebboune, interpellé sur cette incartade de son parti, tentera d'éluder la question en affirmant qu'"il est Président de tous les Algériens". Mais le choix du plus vieux parti a certainement laissé des stigmates. Et Tebboune ne l'a sans doute pas oublié. Eclaboussés par l'emprisonnement de certains de leurs dirigeants pour des affaires de corruption, rejetés par la rue et visiblement indésirables chez le nouveau pouvoir, ces partis, après la bérézina de la Présidentielle, puis celle de la Constitution pour laquelle ils ont fait campagne, ces partis ne semblent pas s'avouer vaincus et tentent de revenir sur la scène. C'est ainsi qu'ils n'ont pas cessé de multiplier les appels du pied au nouveau pouvoir en déclarant leur inconditionnel soutien au chef de l'Etat. Avec la bénédiction de l'administration, le RND, le FLN et, plus tard, TAJ ont pu organiser des rencontres qui ont permis l'émergence de nouveaux dirigeants. Au mépris des mesures sanitaires imposées au reste des Algériens, ces partis ont obtenu des autorisations de l'administration alors que les partis de l'opposition ont été obligés de tenir des sessions de leurs instances dans leurs sièges respectifs. Un traitement de faveur qui a poussé une partie de l'opinion publique à penser à une réhabilitation de partis qui ont symbolisé le système honni de Bouteflika. Il reste que malgré cette apparente mise à l'écart, ces partis du régime Bouteflika ne donnent pas l'impression d'avoir abandonné la partie. Beaucoup de partis politiques et de personnalités soupçonnent le pouvoir de leur préparer le terrain pour un retour lors des prochaines élections locales et législatives : le projet de la nouvelle loi électorale exige, en effet, pour toute liste électorale de prouver un score d'au moins 4% lors des dernières élections pour prétendre à un nouveau mandat. Or, le RND et le FLN sont les seuls à avoir dépassé ce taux lors des dernières élections qui ne se sont pas déroulées dans des conditions démocratiques.