Censé être le mois de piété et d'entraide, le mois sacré de ramadan est devenu ces dernières années synonyme de gain facile. L'occasion tant attendue pour tout vendre, à même le trottoir parfois. Silence on déplume ! À l'approche du mois sacré de ramadan, au lieu de s'inculquer d'un fort sentiment de responsabilité sociale, d'introduire dans la conscience le sens de la solidarité, de faire naître en eux la compassion et les préparer à secourir l'indigent, c'est désormais le contraire qui se produit. Tout le monde ne pense qu'au profit pour accroître ses biens matériels aux dépens de ses valeurs spirituelles. On se mue en marchand de fruits et de légumes, en marchand de zalabia, en poissonnier, en “vrai boucher”. À chaque rue, c'est le même décor ! Les marchands de circonstances, en véritables cloaques humains, meublent les rues. C'est la foule bruyante et tumultueuse qui empeste l'atmosphère et altère le recueillement. Le même scénario, le même déroulement habituel des actions et des opérations des années passées, qui se répètent encore plus enlaidissantes, plus avilissantes. Rien ne change, plutôt tout empire. À la moindre remarque, on vous assomme : “Laisse-les gagner leur croûte !”, plutôt de les laisser abuser des honnêtes citoyens pour en obtenir frauduleusement de leur argent. Les marchands jouent à la hausse. La mercuriale explose et le budget familial se fait infliger une volée de secousses qui tiraillent les parents jusqu'à l'os. Dans la rue, le citoyen est pris en tenaille sans relâche et sans pitié. Il est abusé par le mensonge, la duperie, le leurre, le piège, la supercherie, la tromperie... Il est rogné et volé et personne ne le protège. On abuse de lui, on lui vend ce que l'on veut et aux prix que l'on veut. Rares sont les commerçants scrupuleux, qui ne trichent pas. La fraude est devenue une profession par excellence. “Riche halal !” est la devise de ces commerçants malhonnêtes. La fraude ne se limite pas seulement aux poids et mesures. Elle s'applique à tout, même à la majoration illégale des prix. C'est la fièvre de l'augmentation des prix ! C'est le vol manifeste ! Peu importe les moyens immoraux utilisés, l'essentiel est qu'ils remplissent leurs poches en nettoyant celles des autres. Ce sont là autant de manœuvres frauduleuses au moyen desquelles les forbans causent du tort aux hommes dans ce qui leur appartient. Ce sont des délits malfaisants, rien moins que des vols. Ceux qui les commettent sèment la corruption et s'érigent en agents immoraux qui précipitent la société dans la déchéance. On triche sans s'inquiéter, surtout, sur les poids et mesures, sur la qualité du produit, sur les prix… Sommes-nous de véritables musulmans ? Alors à quand observons-nous la parole de Dieu et prenons ses hommes en pitié ? Dieu ne nous recommande-t-il pas de donner une juste mesure, quand nous mesurons et de peser avec la balance la plus exacte ? Alors que l'on s'exécute ! Tout le monde semble fermer les yeux, comme par hasard le problème ne les concerne pas. Les responsables de famille sont acculés dans leurs derniers retranchements. Ils sont contraints à acheter ou à s'abstenir et les commerçants forbans sont déterminés plus que jamais à les rogner jusqu'au bout. Ruinés par les frais de la rentée scolaire, les pères de famille sont en train de vivre une autre terrible saignée. Dans les rues, c'est la loi de “tag ala men tag” comme disent les gens d'ici. Comment protéger le citoyen de ces forbans ? Il n'y a qu'une solution : les services des fraudes devraient frapper d'une poignée de fer pour éradiquer le mal dans ses racines. B. Belkacem