En réaction au discours du président Tebboune et aux annonces qu'il a faites, notamment la libération des détenus d'opinion, la dissolution de l'APN et le remaniement de l'Exécutif, le Parti des travailleurs (PT) reste dubitatif. Les annonces du chef de l'Etat n'agréent pas le parti de Louisa Hanoune qui dit, dans un communiqué du secrétariat de son bureau politique rendu public hier, "prendre acte de la décision de libérer les détenus", mais se demande "si la répression politique et l'instrumentalisation de la justice seront abolies". Le PT se demande également "si les libertés démocratiques, le libre exercice de la politique et de la presse seront consacrés". "La victoire du peuple a été confisquée par un coup de force au compte du système pour le sauver", considère le PT, ajoutant, par ailleurs, que "le rejet du maintien du système a été réaffirmé par l'écrasante majorité du peuple, tel un verdict sans appel à l'occasion du référendum constitutionnel, le 1er novembre 2020, lorsque 88% du corps électoral a exprimé une défiance franche à l'égard du scrutin même". En réponse donc aux décisions du chef de l'Etat, le PT tranche et estime que "la révolution du 22 Février 2019 n'a pas encore atteint ses objectifs" et que "le pouvoir de fait, qui s'est imposé après la démission de Bouteflika, a mis en place un dispositif répressif renforcé et imposé une élection présidentielle consacrant le maintien du même système honni, putréfié car périmé depuis octobre 1988, contre la volonté de l'écrasante majorité du peuple", ajoutant que les annonces du Président "ne sauraient répondre à l'exigence centrale de la rupture avec le système, de l'exercice par le peuple de sa pleine souveraineté qui sont au cœur du processus révolutionnaire depuis son déclenchement". Le PT explique que les priorités, comme la nature du processus révolutionnaire, ont évolué. "Depuis le début de la mobilisation révolutionnaire en février 2019, les questions socioéconomiques latentes, indissociables des droits et libertés étaient au cœur du processus révolutionnaire pour la majorité appauvrie, car la démocratie, la liberté, les aspirations et les objectifs communs à l'immense majorité ont un contenu politique, économique, social et culturel qui varie selon la position sociale de chacune et chacun", lit-on dans le communiqué, considérant que "c'est la majorité agressée par les politiques antisociales qui a le plus besoin des libertés pour s'organiser et se défendre". Pour le PT, "le départ du système hérité du modèle de parti unique" est "la condition pour l'avènement de la démocratie véritable, matérialisée dans l'exercice par le peuple de sa pleine souveraineté à travers une assemblée constituante nationale définissant la forme et le contenu politique, économique, social et culturel des institutions dont il a besoin pour satisfaire toutes ses aspirations".