C'est en dénonciateur que s'est exprimé le bureau politique du Parti des travailleurs (PT), qui s'est réuni en session ordinaire avant-hier (mardi), sur la demande faite le même jour par le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale concernant l'application de l'article 102 de la Constitution, relatif à l'état d'empêchement du chef de l'Etat et, partant, la vacance du pouvoir par démission de plein droit. Une déclaration qui "apparaît comme dirigée contre la volonté de l'écrasante majorité du peuple de chasser un système corrompu et décomposé et de disposer d'elle-même" et, pis encore, "une immixtion dangereuse du militaire dans le politique", estime le bureau politique du PT dans un communiqué rendu public à l'issue de son conclave. La formation de Louisa Hanoune explique sa position par le fait que "l'application de l'article 102 implique le maintien du gouvernement actuel et les deux Chambres du Parlement dont l'écrasante majorité du peuple réclame le départ car non légitimes. Elle vise donc le sauvetage du système et sa continuité". Une démarche qui serait "porteuse de tous les risques pour la nation, pour sa souveraineté et son intégrité ouvrant la voie aux ingérences étrangères tant rejetées par les millions de manifestants", poursuit le communiqué du PT en s'appuyant sur le fait que toute période de transition constitue un réel danger pour le pays. Et de saluer la mobilisation citoyenne des dizaines de millions d'Algériennes et d'Algériens depuis le 22 février dernier, lesquels se sont engagés "dans un processus révolutionnaire avec comme exigence centrale, le départ du système, de tous ses symboles, de ses partis et ses pratiques pour que s'exprime librement la souveraineté du peuple confisquée depuis 1962". Tel était, selon le PT, "le contenu du rejet du 5e mandat et de la prolongation du 4e soutenu par l'écrasante majorité du peuple qui a donné un contenu démocratique, économique et social au changement de système et de régime en place auquel elle aspire". Le Parti des travailleurs considère, en effet, qu'il s'agirait d'une constitutionnalisation de ce qui s'apparente à un coup de force qui constituerait donc "une dérive sans précédent" menaçant "les fondements mêmes de l'Etat et la sécurité nationale". Pour ce parti, "la seule issue positive, à même de préserver la nation du chaos, réside dans le respect de la volonté de la majorité du peuple d'exercer sa pleine souveraineté, de définir elle-même la nature du régime à mettre en place et donc la forme et le contenu des institutions dont elle a besoin pour la satisfaction de toutes ses aspirations démocratiques, économiques, sociales et culturelles". Il rappelle à ce titre, la cause défendue par Louisa Hanoune, à savoir "la convocation de l'Assemblée constituante nationale souveraine". Et de réitérer le ralliement du "hirak" populaire déjà exprimé par le Parti des travailleurs qui "se range inconditionnellement du côté de la majorité du peuple qui exige le départ du système et du régime dans leur totalité et qui ne saurait participer à une opération de replâtrage et donc de sauvetage du système. Le PT ne cautionnera pas le contournement, voire la confiscation de la volonté de l'écrasante majorité du peuple". Ce qui a, justement, induit la décision prise par le bureau politique du Parti des travailleurs de retirer dès mardi 26 mars, le groupe parlementaire du PT de l'APN. Kamel Ghimouze