Accolades par-ci, scènes de liesse par-là, la région a vécu des moments émouvants. Les ex-détenus ont été accueillis par des slogans chers au Hirak. Toute la région de Djâafra, au nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, a vécu des moments de liesse pendant une bonne partie de la nuit de samedi à dimanche, après la libération de plusieurs détenus du Hirak. Accolades par-ci, scènes de liesse par-là, la région a vécu des moments émouvants. Les ex-détenus ont été accueillis par des slogans chers au Hirak. "Pour un Etat civil", répétait la foule à l'arrivée du cortège de véhicules les ayant accompagnés depuis la prison d'Aïn Soltane. Outre Brahim Laâlami, Hassane Zebiri, Ali Chernine, Hamid Hadjam, Azzedine Bouteba, Nabil Bahloul et Abderrezak Abbache ont été accueillis, dans la soirée, en héros. Klaxons, baroud, fumigènes, feux d'artifice, youyous et surtout des slogans des marches du Hirak ont retenti durant toute la soirée. Aux thadjmaâts d'Ith Khelifa, comme à Awrir N'Djâafra en passant par Djâafra, le cortège était attendu par toute la population. Munis de drapeaux algériens et d'emblèmes amazighs, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont, comme de coutume, honoré les fils de la région. "Ce sont nos enfants. Ils n'ont pas tué ou volé. Ils ont juste appelé à une Algérie libre, démocratique et juste", dira Nna Cherifa, qui a combattu le colonialisme. "Nous sommes sortis pour l'Algérie, toute l'Algérie", ajoute-t-elle. Les détenus libérés dont certains étaient présents à la manifestation ont été accompagnés en héros tout le long du parcours menant à leurs demeures. Il y en a même qui ont fait le déplacement de Bordj Bou-Arréridj, de Béjaïa et de Sétif juste pour voir leurs héros. Tout en réitérant le caractère pacifique du mouvement populaire, les manifestants ont scandé les principales exigences : "Pour un Etat civil et non militaire", " Algérie libre et démocratique", "Pour une période de transition pacifique pour construire l'Algérie tant désirée", "Nous sommes des Amazighs" ou encore "Ulac smah, ulac ! On ne s'arrêtera pas ! On continuera la révolution pacifiquement !". Parmi la foule qui attendait les langues se délient : "Je suis très heureux de retrouver ma famille et mes amis après plusieurs mois de souffrance. Je ne vais pas vous mentir, la prison, ce n'est pas facile. C'est une autre école de la vie aussi. J'en ressors avec à la fois, de la joie et de la tristesse", a réagi Hamid Hadjam. "Merci mon Dieu ! Mais même si je suis libre, je suis triste de savoir que d'autres sont encore en prison. J'espère qu'ils seront relâchés", a déclaré, dès son retour à son village d'Awrir N'Djâafra. Ali Chernine ajoute que son amour pour l'Algérie est intact, mais que jamais il n'aurait pensé être emprisonné pour l'amour de sa patrie. "Mais sans voir l'Algérie libre, ma joie n'est pas à son comble", dira Brahim Lâalami à la foule. "Je profite de cette occasion pour vous demander de rester unis. Notre réussite est dans notre union et notre patience. Nous, nous ne cherchons ni postes ni privilèges, mais juste un Etat de droit, démocratique où l'on pourra vivre en toute liberté", conclut-il.
Chabane BOUARISSA
Libération d'un 9e prisonnier Hier, c'était au tour d'Azzedine Benbelkhir de quitter la prison d'Aïn Soltane, après Brahim Laâlami, Hassane Zebiri et Chernine Ali, qui sont sortis samedi, ainsi que Lahcène Bencheikh, sorti dans la soirée de jeudi. "Le dossier d'Azzedine Benbelkhir a été examiné hier matin, et il a été libéré", a déclaré Me Mounir Gharbi, l'un des avocats du collectif de la défense. "Arrêté le vendredi 4 septembre 2020, lors d'une manifestation contre le pouvoir en place, il a été condamné à 1 an de prison ferme avec une amende de 100 000 DA", rappelle son avocat. Au total, ils sont 9 sur les 12 détenus d'opinion de Bordj Bou-Arréridj à quitter la prison : 5 d'Aïn Soltane à Bordj Bou-Arréridj, 3 d'Aïn Oulmane (Sétif) et 1 de Tadjenant (Mila). "Les trois autres, à savoir Mohamed Touahria, Moussa Laâlami (frère de Brahim Laâlami) et Mourad Chelliga, n'ont pas été touchés par la grâce car le premier est poursuivi dans une affaire criminelle, quant aux deux autres, leurs dossiers n'ont pas été classés parmi ceux des hirakistes", a expliqué l'avocat.