En première instance, dans les trois procès, la justice avait rendu des verdicts allant de la prison ferme à de lourdes amendes. Mais il y a eu aussi beaucoup d'acquittements. Trois procès en appel liés aux activistes du Hirak ont été programmés, hier à la Cour de Bordj Bou-Arréridj. Au total, 25 hirakistes dont Brahim Laâlami ont comparu, hier devant le tribunal. Le verdict sera rendu le 27 novembre prochain. Ces hirakistes sont, entre autres, poursuivis pour "attroupement non autorisé", "incitation à attroupement non armé", "entrave au travail de la commission des élections", "entrave à la tenue du scrutin présidentiel du 12 décembre 2019", "outrage à corps constitués" et "possession de drogue à usage personnel". En première instance, dans les trois procès, la justice avait rendu des verdicts allant de la prison ferme à de lourdes amendes. Il y a eu aussi beaucoup d'acquittements. La première affaire, jugée dans la matinée, concerne 11 hirakistes dont Laâlami, Ali Chernine, Hamid Hadjam et Azzedine Bouteba qui sont actuellement en prison pour d'autres affaires liées au Hirak. J ugés en première instance, le 16 février dernier, par le tribunal de Zemoura, 4 hirakistes, dont Brahim Laâlami, ont été condamnés à 2 mois de prison ferme et les autres ont été relaxés. L'affaire remonte au lundi 19 novembre 2019, lors d'une manifestation dans la commune de Djaâfra, au nord du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Des jeunes des 4 communes de la daïra de Djaâfra ont organisé, une marche et un sit-in devant le siège de la daïra qu'ils ont muré dans l'après-midi, après avoir demandé au chef de daïra de ne pas organiser le vote dans leurs communes. Pour tenter de disperser les manifestants, les forces de l'ordre ont chargé les jeunes qui ont répondu pacifiquement, en scandant les slogans habituels du Hirak. On a dénombré plusieurs blessés et une dizaine d'interpellations, dont celle de Brahim Laâlami. La deuxième affaire, jugée dans l'après-midi, concernait 14 hirakistes dont Brahim Laâlami, Abderrezak Abbache et Azzedine Bouteba qui sont actuellement en prison dans d'autres affaires liées au Hirak. Poursuivis pour entrave à la tenue du scrutin présidentiel du 12 décembre 2019 et jugés en avril dernier, Brahim Laâlami et 11 autres mis en cause avaient été acquittés. Un activiste, qui était en fuite, a été, quant à lui, condamné à deux mois de prison ferme. Un autre activiste a été condamné à une amende de 50 000 DA. Pour ce qui est du troisième procès, il concerne, seulement, Brahim Laâlami. Il est poursuivi dans 5 affaires. Pour rappel, en première instance, l'intéressé a été condamné pour la première affaire à 100 000 DA pour "outrage à corps constitués" ; acquitté pour "outrage à corps constitués en utilisant les moyens électroniques" ; poursuivi dans la troisième affaire pour "outrage à corps constitués", Brahim Laâlami a été condamné à une amende de 400 000 DA ; dans le quatrième dossier pour "diffamation et outrage", il a été condamné à 6 mois de prison ferme ; et enfin dans le cinquième dossier pour "diffamation et outrage", il a été condamné à 400 000 DA d'amende. Dans son réquisitoire, pour toutes les affaires des hirakistes, le procureur général a demandé le durcissement des peines. Dans ses plaidoiries, le collectif des avocats qui a rappelé que le procès en appel s'est déroulé dans de bonnes conditions, a mis à nu toutes les accusations contre ses mandants. Il a soulevé le point concernant le droit de manifester, les libertés d'expression et du choix politique. "Ces jeunes sont sortis pour réclamer un droit qui est celui de la liberté d'expression, de choisir son gouvernant, de veiller sur son pays et surtout de protéger ses acquis et son indépendance", dira Me Gherbi, un membre du collectif des avocats. "Le dossier d'accusation est vide. Des jeunes qui marchent sans entraver la vie quotidienne d'autrui", ajoute-t-il. "C'est un dossier politique et non pas juridique", précise-t-il. De son côté, Me Zine Boukhari a tenu à rappeler que "c'est grâce à des jeunes comme eux que l'Algérie est toujours debout", affirmant que "ces jeunes sont des révolutionnaires et pas des criminels. Ils n'ont pas volé mais ils aiment l'Algérie". Après de longues plaidoiries, le juge annonce que le verdict sera connu le 27 novembre prochain. À la sortie, les avocats étaient optimistes quant à l'issue du procès. "Je suis optimiste. Je vous donne un indice simple. Nous avons été écoutés et toutes nos remarques ont été enregistrées par le juge", dira Me Mounir Gherbi. Le procès a été marqué par une forte présence policière, ce qui a empêché l'organisation d'un sit-in de soutien aux prévenus. Devant la Cour, le père le Brahim Laâlami a dénoncé le harcèlement dont sa famille et lui sont victimes. "Pourquoi s'acharne-t-on sur nous ?"