Nouvelles révélations sur des cas de mauvais traitements. Cette fois, la victime est Samy Dernouni, un jeune qui, à l'issue de son procès mardi devant le tribunal de cette ville, a évoqué les "sévices" qu'il aurait subis au cours de sa garde à vue. Mes Ali Fellah et Abdellah Haboul, deux membres du collectif d'avocats de la défense ont parlé, sans ambages, de "mauvais traitements" subis par Samy Dernouni, lors de sa garde à vue qui a duré, selon eux, plus de 100 heures (plus de quatre jours). D'après son témoignage, relayé par ses avocats, devant le juge et le procureur de la République, Samy Dernouni a révélé "avoir eu droit à un interrogatoire musclé". Arrêté et détenu par les éléments de la DGSI relevant de la caserne Antar, Samy Dernouni a affirmé avoir été "insulté, déshabillé, battu, torturé au pistolet électrique Taser et privé de son droit à un examen médical". Contacté par nos soins, Me Haboul nous a déclaré hier que "la place de Samy Dernouni n'est pas en prison". "Il devrait avoir droit à un procès plus équitable", insiste-t-il. "Nous avons soulevé des irrégularités dans la procédure dans sa globalité et notamment lors de l'enquête préliminaire. Nous avons également décelé d'autres infractions au niveau du juge d'instruction et, aujourd'hui, viennent s'ajouter ces révélations de tortures. C'est inadmissible", dit-il. Les avocats de la défense n'ont pas, selon leurs affirmations, porté plainte pour ces agissements et attendent l'issue du procès. Chômeur de la ville de Batna et militant du Hirak, Samy Dernouni a été, pour rappel, mis sous mandat de dépôt le 7 décembre dernier en même temps que l'enseignante Namia Abdelkader par le juge d'instruction (1re chambre) du tribunal de Tipasa, qui a ordonné l'ouverture d'une information criminelle à leur encontre. À l'issue de l'instruction, les faits ont été requalifiés et le dossier a été renvoyé par devant le tribunal de Tipasa siégeant en correctionnelle. Samy Dernouni et Namia Abdelkader sont donc poursuivis pour de prétendus faits de proposition d'un complot dans le but de porter atteinte à l'intégrité du territoire national, mais proposition non agréée (article 78 alinéa 3 du code pénal) et incitation à attroupement non armé (article 100 alinéa 1 du code pénal). Programmée pour l'audience du 27 janvier 2021, l'affaire a été renvoyée à l'audience du 23 février puis de nouveau à l'audience du 2 mars pour un prononcé définitif prévu le 9 mars prochain. Contrairement à d'autres détenus, Samy Dernouni n'a pas bénéficié des mesures d'élargissement des détenus d'opinion édictées par le chef de l'Etat comme cela a été le cas pour Namia Abdelkader. Le tribunal avait même rejeté la demande de sa mise en liberté provisoire, ce qui traduit davantage, selon certains, le dysfonctionnement de la justice, d'autant que les chefs d'inculpation sont identiques. Fait qui s'est répété, mardi, lorsque le ministère public a réclamé la confirmation de la détention pour Samy Dernouni après avoir requis la peine maximale de 10 ans de prison ferme. Les avocats, pour leur part, restent convaincus et clament, haut et fort, que "le dossier est vide", que "les accusations ont été fomentées" et que "c'est là un procès purement politique". Ils plaident pour qu'"aucun Algérien ne puisse être emprisonné arbitrairement pour ses opinions".