Le financement étatique de l'économie nationale est un facteur qui alourdit considérablement la dette publique. Pour en sortir, la Banque africaine de développement dans son dernier rapport conseille à l'Algérie de diversifier son économie et surtout de sortir de sa forte dépendance aux hydrocarbures. La pandémie de Covid-19 a eu des répercussions importantes sur l'économie algérienne en 2020. C'est ce qu'a relevé la Banque africaine de développement (BAD) dans son dernier rapport sur les "perspectives économiques en Afrique 221" publié vendredi. "Outre ses conséquences néfastes sur le plan sanitaire, la pandémie est venue aggraver d'autres facteurs négatifs, tels que la chute du prix du pétrole, ce qui a plongé l'économie algérienne dans la récession", souligne le rapport. Selon la BAD, le produit intérieur brut réel (PIB réel) de l'Algérie a baissé de 4,7% en 2020, après une très faible croissance de 0,8% en 2019. Les mesures mises en place pour contenir la Covid-19, note le rapport, ont eu de sérieuses répercussions sur les secteurs des services et de la construction, qui ont connu de nombreuses suppressions d'emplois. La baisse des recettes d'exportations de pétrole et de gaz a contribué à creuser davantage les déficits publics et externes. "Ainsi, le déficit budgétaire a plus que doublé, passant de 5,6% du PIB en 2019 à 13,6% en 2020, sous la pression combinée d'une chute des recettes des hydrocarbures qui représentent une large part des recettes publiques, et des dépenses publiques importantes afin d'atténuer les retombées économiques de la crise sanitaire", souligne la BAD. Le déficit de la balance courante a également augmenté, passant de 10% du PIB en 2019 à 14,8% en 2020, en raison de la forte dépendance du pays aux exportations d'hydrocarbures et des importations structurellement élevées. "En conséquence, le niveau des réserves en devises a graduellement baissé, pour atteindre un niveau couvrant seulement 12 mois d'importations à la fin de 2020, alors qu'il couvrait 13,6 mois à la fin de 2019", fait remarquer le rapport. La BAD ajoute qu'afin de fournir aux banques une liquidité supplémentaire pour financer l'économie, la Banque d'Algérie a nettement baissé le ratio des réserves obligatoires à 3% en septembre 2020, alors qu'il était de 12% en février 2019. En 2020, l'inflation était de 2,4%, comparativement à 2% en 2019. "Toutefois, si le gouvernement recourt au financement monétaire du déficit budgétaire, il pourrait sur la durée restreindre l'objectif de la politique monétaire de limiter les flambées inflationnistes", suggère la BAD qui prévoit un retour de la croissance dès 2021 "à partir du moment où les vaccins permettraient un contrôle mondial de la pandémie, ce qui redynamiserait l'économie mondiale". Le rapport table sur un rebond important de la croissance réelle estimée à 3,4% du PIB en 2021, avant de fléchir à 2,9% en 2022. "Un retour à un niveau élevé de croissance permettrait une réduction importante du déficit budgétaire global qui passerait à 10,3% du PIB en 2021 et à 8,7% en 2022", indique la BAD. La tendance serait similaire pour le déficit de la balance courante qui serait ramené à 13,8% en 2021 et à 11,1% en 2022. "Cependant, l'Algérie devrait approfondir les mesures pour élargir l'assiette fiscale, portée par la loi de finances de 2021, et mettre en place un programme visant à diversifier son économie en vue de limiter la dette publique interne. Dans le cas contraire, la forte dépendance de l'économie algérienne aux hydrocarbures continuera d'entraver ses perspectives de développement sur le moyen terme", estime la BAD. Evoquant les questions et les options de financement, le rapport relève que dans la mesure où les autorités ont décidé de ne pas emprunter à l'extérieur, la dette publique de l'Algérie est essentiellement interne et a considérablement augmenté depuis 2016 pour financer le déficit découlant de l'augmentation des dépenses et de la baisse des prix des hydrocarbures. À la fin 2019, tandis que la dette publique externe représentait moins de 1% du PIB, la dette interne, y compris les garanties, était légèrement supérieure à 46% du PIB et pourrait augmenter dans les années à venir.