Les estimations et projections de croissance pour 2018-2020, basées sur l'hypothèse prudente?d'un secteur des hydrocarbures faible et d'un secteur non-hydrocarbures en légère amélioration, sont de 2,7% en 2019 et de 1,9% en 2020. En dépit des efforts déployés pour diversifier l'économie, l'Algérie dépend toujours des ressources extérieures provenant des exportations de pétrole et de gaz. C'est ce que relève la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport sur les "Perspectives économiques en Afrique (PEA)" pour 2019. Le rapport souligne que l'économie repose sur les hydrocarbures à environ 80% de manière directe ou indirecte. Pour la BAD, les perspectives économiques de l'Algérie dépendront principalement des prix des hydrocarbures. "À la baisse en juin 2014, ils rebondissent à près de 80 dollars le baril en octobre 2018, puis chutent de nouveau vers la fin de l'année", constate le rapport, indiquant qu'entre 2012 et 2017, la chute des prix du pétrole réduit la contribution du secteur des hydrocarbures au PIB de 37,1% à 21,1%. Les estimations et projections de croissance pour 2018-2020, basées sur l'hypothèse prudente d'un secteur des hydrocarbures faible et d'un secteur non-hydrocarbures en légère amélioration, sont de 2,7% en 2019 et de 1,9% en 2020. La diminution projetée en 2020 est due en partie à une politique budgétaire plus restrictive — à partir de 2019, les dépenses publiques diminueront —, afin de réduire le déficit budgétaire, qui de 5,3% du PIB en 2018 devrait passer à 5% en 2019 et à 4,7% en 2020. "La croissance du produit intérieur (PIB) réel, estimée à 2,7% en 2019 et à 1,9% en 2020, semble insuffisante à moyen terme pour améliorer la protection sociale, diversifier l'économie et réduire le chômage", estime la BAD. Le rapport indique que contrairement aux autres grands exportateurs de produits de base, l'Algérie a tempéré le choc sur les prix des produits de base en 2015 et 2016 par des politiques budgétaires expansionnistes. Cependant, note la BAD, l'Algérie a vu sa stabilité macroéconomique s'effriter dans un contexte de croissance lente, de sorte que les leviers de la politique macroéconomique étaient tiraillés entre les objectifs de croissance et de stabilisation. Le rapport indique que la forte réduction des exportations dans les pays producteurs de pétrole et d'hydrocarbures entre 2000 et 2016, notamment l'Algérie, n'a pas été accompagnée d'une réduction similaire des importations, ce qui a entraîné une augmentation des déficits de la balance commerciale. "L'important déficit de la balance courante, 9% du PIB en 2018, est néanmoins inférieur à celui de 2017 (13,1%) et devrait atteindre 7,4% en 2020", soutient la BAD relevant que les réserves de changes officielles sont passées de 22,5 mois d'importations à la fin de 2016 à 18,6 mois en juin 2018, et la baisse devrait se poursuivre. Selon les projections, l'inflation devrait encore baisser d'ici à 2020 pour atteindre 4%. Selon la BAD, la croissance du PIB réel atteint 2,5% en 2018 contre 1,4% en 2017, principalement en raison de la croissance du secteur hors hydrocarbures (5,2%) et de l'importance des dépenses budgétaires (36,7% du PIB). Le secteur des hydrocarbures reste atonique (en recul de 0,1%). Le rapport estime que l'infrastructure, la position géographique, la diaspora, le marché intérieur et la dotation en ressources naturelles de l'Algérie fournissent les atouts nécessaires pour transformer et diversifier son économie. En outre, la politique de réduction de la dette extérieure, mise en place au cours de la dernière décennie, et les importantes réserves de changes, malgré leur diminution, permettent à l'Algérie de mieux résister aux chocs économiques. La BAD indique que le déficit n'a pas été financé par l'augmentation de la dette extérieure qui reste négligeable, à moins de 2% du PIB. La dette publique, constituée principalement par la dette intérieure, est limitée à 40% du PIB. Le rapport rappelle que du fait d'une baisse importante des ressources financières extérieures, les autorités ont adopté en 2016 le nouveau modèle de croissance économique 2016-2030 qui vise une transformation structurelle. Les principales réformes concernent l'amélioration du climat des affaires et le remplacement des subventions directes et indirectes par une protection sociale ciblée pour les populations à faible revenu. Meziane Rabhi