L'économie algérienne devrait afficher une contraction importante du produit intérieur brut réel (PIB réel) en 2020, estimée à -6,5%, sous l'effet du double choc des mesures de confinement et de la chute des recettes des exportations d'hydrocarbures causée par la pandémie de Covid-19. C'est ce que relève une note de conjoncture de la Banque mondiale (BM) intitulée "Traverser la pandémie de Covid-19, engager les réformes structurelles", publié tout récemment. La note présente les évolutions macroéconomiques du pays en 2019 et brosse le contexte des évolutions sans précédent survenues en 2020 à la suite de la pandémie de Covid-19. Le document décrit, également, l'impact de la pandémie et de l'effondrement simultané des prix du pétrole sur différents aspects du tissu économique algérien. Enfin, le rapport aborde, en conclusion, les perspectives de l'économie algérienne. La croissance du PIB devrait ainsi progresser de 3,8% en 2021 et de 2,1% en 2022, prévoit la Banque mondiale. Cependant, souligne le rapport, "la reprise économique partielle en 2021 et 2022 est conditionnée par une réduction marquée par des déséquilibres macroéconomiques et par une relance franche de la demande intérieure globale, de la production et des exportations d'hydrocarbures". Compte tenu des contraintes budgétaires, estime la BM, les principaux leviers de la croissance économique devraient être la consommation et l'investissement privés, ainsi que les exportations. Le rapport pointe plusieurs risques qui menacent la reprise économique. La Banque mondiale cite, entre autres, la possibilité d'une crise sanitaire prolongée si un vaccin se fait trop attendre ou s'avère peu efficace et les difficultés à répondre aux besoins de financement croissants du budget, potentiellement accrus par la réalisation d'importants engagements conditionnels dus aux banques et entreprises publiques. "Dans un contexte hautement incertain, l'équilibre des risques affiche une tendance pessimiste, avec d'éventuelles autres vagues d'infections au coronavirus susceptibles de nuire à la reprise économique", lit-on dans le rapport. Une autre baisse du prix des hydrocarbures pourrait également accroître les besoins de financement budgétaire et extérieur, et imposer des ajustements supplémentaires sur les marchés des changes. Pour la Banque mondiale, maîtriser les besoins de financement budgétaire et extérieur, tout en assurant la liquidité domestique nécessaire à la reprise, et la stabilité monétaire qui préservera le pouvoir d'achat, représentera un défi. Le rapport constate que la liquidité de s banques publiques a considérablement diminué au cours du premier semestre 2020. Les banques ont augmenté de 404 milliards de dinars leur financement auprès de la Banque d'Algérie, soit une hausse de 36%, à l'aide d'opérations d'open market. "Sur les six banques publiques — qui détiennent environ 90% du total des dépôts du pays —, quatre ont un grand besoin de liquidité", indique le rapport. Parmi les économies de la région largement tributaires des hydrocarbures, le coût budgétaire de la pandémie de Covid-19 en Algérie apparaît comme modéré. "Selon le FMI, les dépenses budgétaires additionnelles et pertes en revenus encourues par l'Algérie atteignent 564 millions de dollars (0,4% du PIB) dont 235 millions de dollars (42% du total) représentent des dépenses additionnelles dans le secteur de la santé", relève le rapport. Ce dernier prévoit une hausse de la dette publique totale qui passera de 66,1% du PIB en 2020 à 75,6% du PIB en 2021 pour atteindre 79,1% du PIB en 2022. L'indice des prix à la consommation pourrait grimper à 3,8% cette année et à 4,2% en 2022. Pour la Banque mondiale, à l'avenir, la capacité de l'Algérie à assurer une transition vers un modèle économique diversifié et tiré par le secteur privé sera déterminante. Son développement devra constituer la pierre angulaire de la stratégie de relance économique.