La FAF aurait dû consulter les deux ministères de la Jeunesse et des Sports et des Affaires étrangères pour préparer la riposte au sein de l'AG de la CAF ou tout au moins voter contre l'amendement de la honte lors du scrutin du 12 mars à Rabat. En marge de l'assemblée générale élective de la CAF qui a eu lieu vendredi dernier à Rabat (Maroc), les membres de l'AG ont adopté à la majorité des propositions d'amendement des statuts de la confédération africaine. L'une d'elle avait un caractère franchement politique, proposée deux mois auparavant par la fédération marocaine et envoyée un mois avant la date de l'AGE aux associations membres de la CAF. Elle concerne les critères d'admission d'un nouveau pays à la CAF. Que dit cette proposition marocaine ? "Afin de permettre l'harmonisation des statuts de la CAF, et ce conformément aux statuts et à la pratique des autres confédérations de football telles que l'UEFA, CONMEBOL, nous proposons la modification ci-après de article 4 alinéa 1 qui stipule que ‘'la Confédération africaine de football est ouverte à toute candidature d'association nationale africaine, comme représentants officiels gérant le football dans leurs pays respectifs''", lit-on dans la proposition écrite dont Liberté détient une copie. Cet article est reformulé de la sorte : "La Confédération africaine de football est ouverte à toute candidature d'association nationale africaine comme représentants officiels gérant le football dans un pays reconnu comme Etat indépendant et qui est membre de l'ONU." Clair, net et précis, la fédération marocaine a voulu (et réussi ), grâce à un travail de coulisses titanesque au sein de l'AG de la CAF, à faire avaler la pilule qui consiste à barrer la route à une éventuelle admission de la RASD à la CAF. La colère du CNASPS La délégation de la FAF qui a pris part aux travaux de l'AGE n'y a vu que du feu et ce bien qu'elle ait eu le texte de la proposition de réforme en sa possession bien avant le jour J. Selon le site de la FAF, "la Fédération algérienne de football informe que lors de la 43e session de l'assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football (CAF), tenue le 12 mars 2021 à Rabat (Maroc), le président de l'instance fédérale, M. Kheireddine Zetchi, n'a jamais voté en faveur de la modification statutaire présentée lors des travaux, tout comme il s'est abstenu de valider le bilan financier tel qu'il a été présenté". La FAF s'est donc abstenue. Or la FAF aurait dû plutôt voter contre cette proposition qui met à mal la diplomatie algérienne. La FAF aurait dû consulter les deux ministères de la Jeunesse et des Sports et des Affaires étrangères pour préparer la riposte au sein de l'AG de la CAF ou tout au moins voter contre l'amendement de la honte lors du scrutin pour marquer son opposition au lieu de se cantonner dans cette posture embarrassante de neutralité. La FAF ne peut même pas se cacher derrière l'argument de "l'effet de surprise", puisque le texte de la disposition était sur le bureau de la FAF un mois avant la date de l'AG. Cette attitude de la fédération algérienne qui n'a pas également publié un communiqué pour dénoncer clairement cet amendement de la CAF a provoqué un tollé général sur la toile. Le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) a noté lundi avec une "profonde déception" les "manœuvres sournoises" déniant aux Sahraouis le droit à une représentation sportive continentale, lors de l'assemblée générale (AG) de la Confédération africaine de football (CAF), tenue vendredi à Rabat. "Les membres du CNASPS ont noté avec une profonde déception les manœuvres sournoises lors des dernières élections à Rabat pour la constitution du Comité exécutif de la CAF (...) La manœuvre de la part des responsables marocains était grossière afin d'exclure la RASD (République arabe sahraouie démocratique) d'être reconnue comme associée et membre d'une organisation sportive continentale", a indiqué le CNASPS dans un communiqué repris par l'APS. "Dénier aux Sahraouis le droit à une représentation sportive continentale, c'est les priver injustement du droit d'exister en tant que peuple et en tant qu'Etat dans la communauté sportive africaine. C'est aussi fermer la porte cruellement au nez de la jeunesse sahraouie, déjà frustrée, d'un légitime épanouissement", a ajouté la même source.