L'affaire des 27 ressortissants algériens en provenance de Londres et bloqués à l'aéroport parisien de Roissy a été examinée hier au cours d'une audience qui s'est tenue dans l'après-midi, au tribunal de Bobigny, près de Paris. Le tribunal a entendu l'avocat des passagers, Me Albert André, qui a plaidé pour qu'une solution urgente soit trouvée, afin de mettre fin à leur calvaire. Il réclame, notamment, qu'un hébergement provisoire soit offert aux passagers en attendant qu'une décision finale soit rendue par la justice. L'avocat a également demandé qu'Air Algérie soit condamnée pour non-respect des obligations contractuelles. " Air Algérie avait l'obligation d'acheminer ses clients vers leur destination finale, peu importent les raisons, y compris sanitaires. Au cas où cela ne serait pas vraiment possible, elle devait les indemniser, c'est-à-dire rembourser la totalité de leurs billets d'avion, Londres-Paris et Paris-Alger et régler leurs frais d'hôtel une fois retournés à Londres où la quarantaine est obligatoire", nous précise l'avocat. Selon lui, toute l'argumentation d'Air Algérie dans cette affaire ne tient pas la route. "140 autres passagers algériens, qui devaient voyager de Londres à Alger en transitant par Paris, ont été effectivement informés à l'avance de l'annulation de leur vol vers l'Algérie, mais pas les 27 qui se trouvent actuellement à Roissy", révèle encore Me André. Les ressortissants algériens campent dans la zone internationale du terminal 1 de Roissy depuis les 27 et 28 février dernier, dates de leur arrivée en France, pour une courte escale, avant la poursuite de leur voyage vers l'Algérie. Leur séjour forcé dans l'enceinte de l'aéroport a fait les choux gras de la presse française et internationale. Hormis le téléphone, ils n'ont aucun autre moyen de contact avec le monde extérieur. Dans une dernière vidéo postée sur les réseaux sociaux, un des voyageurs a alerté sur une situation devenue intenable. Les passagers dorment sur la moquette de l'aérogare. Les plus jeunes enfants ont bénéficié, quant à eux, de berceaux pliables mis à disposition par les Aéroports de Paris (ADP). L'entreprise française de gestion aéroportuaire a également délivré aux voyageurs des tickets repas et leur permet de prendre des douches dans un hôtel situé dans l'enceinte de l'aéroport. Depuis sa médiatisation, l'affaire a pris une tournure politique. Le député de la France Insoumise, Alexis Corbière, a demandé, il y a quelques jours, au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de trouver une solution pour mettre fin à "une situation inhumaine". Parmi les passagers figurent une vieille dame de 78 ans, une autre personne atteinte d'un cancer de la prostate et une autre hospitalisée pendant plusieurs jours pour des problèmes cardiaques. "Il est non seulement nécessaire, mais aussi urgent que ces personnes puissent enfin quitter la zone aéroportuaire et retrouver leurs proches", a fait savoir Alexis Corbière en demandant "de tout mettre en œuvre pour que les voyageurs puissent enfin rejoindre leur destination, ou à défaut être autorisés à être accueillis en France dans des conditions dignes". Dans un communiqué publié, il y a une semaine, l'ambassade d'Algérie en France a révélé que les concernés ont été prévenus bien avant leur départ de l'aéroport de Heathrow en Grande-Bretagne, que leur vol vers Alger a été annulé, après l'apparition d'un variant anglais du Covid et la décision de l'Algérie de refermer ses frontières. Or, selon Me André, cette version est largement réfutable. "Ces personnes étaient détentrices de billets couplés à leur départ de Londres. On leur donnait non seulement le billet pour embarquer à destination de Paris, mais également le billet de Paris vers Alger", souligne l'avocat. Dans son communiqué, l'ambassade d'Algérie en France a précisé, pour sa part, qu'Air Algérie a offert aux passagers de rembourser leurs billets d'avion vers l'Algérie et même de prendre en charge les frais de leur retour au Royaume-Uni. Mais que ceux-ci ont refusé.