Profitant de la visite des chefs de la diplomatie français, italien et allemand, le ministre libyen des Affaires étrangères a insisté sur le départ des forces étrangères, notamment les mercenaires, de Libye. Après dix années de guerre, la Libye, qui a entamé sa normalisation avec la désignation d'un gouvernement intérimaire et la réunification des institutions, est maintenant en phase de résoudre l'épineux problème du retrait des 20 000 militaires étrangers et mercenaires encore actifs dans ce pays. Des mercenaires syriens soutenus par la Turquie commenceraient à se retirer, selon des diplomates. En recevant les ministres des Affaires étrangères français, allemand et italien, le chef de la diplomatie libyenne du gouvernement unifié libyen a en effet lancé un appel pour le retrait "immédiat" de l'ensemble des mercenaires présents dans le pays. Pour sa part, le Français Jean-Yves Le Drian, qui a insisté un retrait "essentiel" pour la souveraineté du pays, a transmis aux autorités libyennes le message suivant : "L'Union européenne est aux côtés du nouvel exécutif pour l'aider à poursuivre la transition démocratique qu'attend le peuple libyen. Le Libye pourra enfin tourner la page de ces trop longues années de crise qui ont divisé le pays et durement éprouvé sa population." Pour autant, la France ne s'est pas contentée de focaliser sur le départ des troupes turques et des milices russes, mais son président Emmanuel Macron a fait un pas dans le sens de la reconnaissance de la responsabilité de son prédécesseur Nicolas Sarkozy dans l'intervention de 2011 et le chaos sécuritaire qui s'en est suivi. "Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre", a indiqué Macron lors de la réception du nouveau président libyen. Mais ce mea culpa laisse des interrogations sur la sincérité d'une telle déclaration auprès des acteurs libyens qui se demandent s'il n'est pas destiné à préparer la reprise en main par la France d'un dossier dont elle semble exclue. Pour avoir pris parti pour l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, mais pas que. Paris avait aussi misé sur le ticket des concurrents de l'actuel président, Mohamed Al Menfi, notamment Aguila Saleh, le président de la Chambre des représentants, et Fathi Bachagha, l'ex-ministre de l'Intérieur. En retour de son acte symbolique, des sources estiment que Paris entend récolter des dividendes économiques, notamment la relance d'un contrat pour la fourniture d'équipements de sécurité à l'armée libyenne. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations unies avait organisé mercredi une réunion consacrée à la Manul (Mission d'appui des Nations unies en Libye) et aux sanctions imposées à ce pays. Par ailleurs, l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Jan Kubis, a insisté sur l'importance du soutien de la communauté internationale en faveur du peuple libyen et de la nouvelle autorité exécutive pour l'aider à exercer ses fonctions, notamment en ce qui concerne les préparatifs pour l'organisation des élections du 24 décembre prochain. En réaction à la visite des chefs de la diplomatie des trois pays européens, Jan Kubis a déclaré qu'il s'agit d'une "indication forte d'une position européenne unifiée de soutien en faveur de la Libye dans son chemin vers la paix, la stabilité, la démocratie, l'unité et la souveraineté". L'envoyé spécial de l'ONU s'était félicité à l'occasion des progrès réalisés par les Libyens ces derniers mois, notamment sur le plan politique, mais a prévenu que "des écueils" demeuraient et pouvaient entraver le retour d'une paix durable et la tenue des élections prévues le 24 décembre prochain.