Le Président français, Emmanuel Macron, a, pour la première fois, reconnu officiellement la responsabilité de la France dans les désordres qui agitent la Libye et une partie de l'Afrique depuis dix ans. « Nous avons une dette envers la Libye, très claire, une décennie de désordre. » Ces mots d'Emmanuel Macron, adressés aux nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l'Elysée, sonnent comme l'aveu d'une erreur : l'intervention de 2011 contre Mouammar Kadhafi, sous la houlette, à l'époque, du Président français Nicolas Sarkozy, et qui a eu des répercussions dans le Sahel. Les chefs d'Etat du Sahel se plaignent régulièrement des conséquences de l'intervention des Occidentaux contre Mouammar Kadhafi en 2011 : sa chute les a non seulement privés de la manne financière de Tripoli, mais a aussi dispersé des combattants armés dans toute la région et provoqué « l'arrivée massive de mercenaires de toutes nationalités ». Certains acteurs de la coalition de l'époque avaient déjà fait leur mea culpa. L'ex-Président américain Barack Obama jugeait même que l'intervention en Libye, à l'appel de Nicolas Sarkozy, était sa plus grande erreur. Selon des observateurs, Emmanuel Macron réalise cet aveu d'une culpabilité française moins pour souligner la responsabilité de son prédécesseur, que pour tenter de reprendre pied en Libye, alors que la Turquie, la Russie et l'Italie ont regagné du terrain. La Libye, outre ses richesses pétrolières, est un pays-clé pour le contrôle de la Méditerranée et des flux de migrants. Dans ce contexte, trois ministres: français, italien et allemand, en compagnie de la cheffe de la diplomatie libyenne qui ont appelé lors d'une conférence de presse conjointe à Tripoli au départ rapide des mercenaires. Une priorité pour la stabilité en Libye. « Nous réitérons la nécessité du départ de tous les mercenaires de Libye et de façon immédiate », a déclaré, jeudi 25 mars, Najla Al-Mangoush, la ministre libyenne des Affaires étrangères lors de la conférence de presse aux côtés de ses trois homologues européens en visite à Tripoli, dix jours seulement après la prise de fonction du nouveau gouvernement unifié. Ce déplacement surprise des ministres français, italien et allemand en Libye est visiblement une caution en faveur du nouvel exécutif. « Le départ de mercenaires étrangers est nécessaire pour que l'Etat libyen affirme sa souveraineté », a déclaré Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française. R. I.