Résumé : À sa sortie d'hôpital, Fayçal fit une dépression. Il refusait de voir la famille et les amis. Djamel s'inquiétait pour lui, il le voyait broyer du noir. Sa mère n'était plus qu'une ombre à force d'être à son chevet. Les gendarmes continuaient leur enquête et parfois faisaient une halte devant chez eux. Aucune région n'était épargnée par le terrorisme. Les morts et les enlèvements ne se comptaient plus. Des jeunes filles étaient violées devant leurs familles, puis égorgées lorsqu'ils ne les emmenaient pas au maquis. -Djamel, est-ce que tu es passé à la poste pour demander s'il y a du courrier ? Le jeune homme était surpris que son père sorte de son mutisme. Djamel venait de finir les examens du bac et pas une seule fois, ses parents ne s'y étaient intéressés. Il ne leur en voulait pas, mais il avait espéré un mot d'encouragement. -Le facteur a l'habitude de passer, répond-il à son père. -Je ne comprends pas pourquoi Norredine n'appelle plus et ne nous écrit plus, lâcha Fayçal, le visage fermé. -Je crois que tout le monde a un problème de courrier qui ne parvient pas, mais si tu veux, j'irai à la poste et je demanderai après notre courrier. Ne t'inquiète pas pour Norredine, il doit être occupé. -J'espère que ce n'est que cela. Allons dans le jardin, lui ordonna-t-il. Je dois te parler. Djamel poussa son père jusqu'au fond et l'installa sous un citronnier. Il prit une chaise et s'assit près de lui. -Approche un peu. Intrigué, il obéit, sentant que son père n'allait pas se répéter deux fois. Après toutes ces semaines de silence, il l'inquiétait. Surtout quand il fit signe à Meriem de les laisser seuls. Ils étaient assez éloignés pour ne pas être entendus de la maison. -Djamel, tu as vite mûri. Cet attentat nous a ouvert les yeux sur l'essentiel. C'est-à-dire la famille. Le reste ne compte pas. -Oui, tout ce qui compte, c'est que tu ailles bien. -J'ignore si je redeviendrais comme avant, dit le père, les yeux pleins de larmes. Je voudrais que tu écrives à ton frère. Dis-lui de ne jamais revenir ici, quoi qu'il arrive. -Mais pourquoi ? -Ils pourraient le tuer, confia Fayçal d'une voix étranglée. Comme je ne leur ai pas donné ce qu'ils veulent, ils pourraient s'en prendre à lui. Comme tout le monde sait qu'il est à l'étranger, ils doivent s'imaginer qu'il est plein aux as. Ils tenteront de lui extorquer de l'argent par tous les moyens. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive malheur. Va lui écrire tout ce que je t'ai dit, dis- lui tout. Quelqu'un doit le mettre au courant. -Ne t'inquiète pas, je lui dirai tout, promit Djamel en voulant se lever, mais son père l'en empêcha. -Je n'ai pas fini. Dis-lui de faire sa vie là-bas. Je voudrais qu'il t'accueille là-bas. S'il le peut, qu'il t'aide à le rejoindre. Je dormirais tranquille si tu es en sécurité. Vous ne pouvez pas rester ici. Votre vie est en danger par ma faute. Mon garçon, il n'y a plus d'avenir ici, dit-il. Ils sont en train de détruire le pays, de briser des familles... Il ne reste rien. -Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, murmura Djamel qui pensait à sa dulcinée. Je ne suis pas prêt de vous quitter. Tu peux compter sur moi. Je serais alerte ! Je surveillerais nos arrières. -Tu n'es encore qu'un enfant. -Non, non, dans quelques jours, lui rappela Djamel, on saura si j'irais à la fac, cette année ou pas. -Incha Allah tu réussiras. Allez, va écrire à ton frère, le pria Fayçal. Ne perds pas de temps. N'attends pas demain pour la poster. Fais un envoi recommandé. Le jeune homme le lui promit. Il se rendit à sa chambre et écrit à son frère. Une fois la lettre dans l'enveloppe, il alla à la poste. Il y avait des petits attroupements dans le quartier. -C'est quoi le sujet du jour ?, demanda-t-il à l'agent de sécurité. Qu'est-ce qui s'est passé ? L'agent hocha la tête avant de le mettre au courant des derniers évènements de la région. Djamel constata avec amertume que l'insécurité régnait par tout et que les terroristes n'épargnaient aucune famille.
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