La situation était sous contrôle au Niger, hier, après une tentative de coup d'Etat militaire qui a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi au Niger, avant la prestation de serment prévue vendredi du président élu Mohamed Bazoum. Le quartier présidentiel a été quadrillé par les forces de l'ordre, mais dans le reste de la ville, la situation était normale hier et les gens vaquaient à leurs occupations comme si rien ne s'était passé, ont constaté des journalistes locaux. Auparavant, "des arrestations ont eu lieu parmi les quelques éléments de l'armée qui sont à l'origine de cette tentative de coup d'Etat", a déclaré une source sécuritaire ajoutant que "ce groupe de militaires n'a pas pu s'approcher du palais présidentiel lorsque la Garde présidentielle a riposté". Une source proche de Mohamed Bazoum a confirmé qu'il y a eu ce qu'il a qualifié de "petite tentative de coup d'Etat vite maîtrisée par les forces légitimistes". L'ambassade des Etats-Unis à Niamey a décidé de suspendre ses "services consulaires jusqu'à nouvel ordre et encouragé son personnel à rester à la maison", "l'ambassade de France invitant, elle, les Français à rester chez eux". Des riverains du quartier de la présidence à Niamey, ont raconté avoir été réveillés par des tirs à l'arme lourde et légère. "Les tirs étaient intenses, il y avait des armes lourdes et des armes légères", a témoigné l'un d'eux. "La nuit a été courte, c'était vers 3h00 (2h00 GMT), nous avons entendu des tirs d'armes lourdes et légères et cela a duré quinze minutes avant de cesser, suivis de tirs à l'arme légère, tout a ensuite cessé", a raconté un riverain du quartier du Plateau qui abrite les bureaux et la résidence présidentielle. Des vidéos de quelques secondes ont vite été postées sur les réseaux sociaux, permettant d'entendre des tirs sporadiques de rafales dans le noir total. Cette tentative de coup d'Etat est intervenue avant l'intronisation prévue vendredi à Niamey du nouveau président élu Mohamed Bazoum, l'heureux gagnant de la dernière élection présidentielle, qualifiée de "première démocratique" dans un pays jalonné par des putschs depuis son accession à l'indépendance en 1960. L'histoire du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde en proie à de récentes attaques jihadistes particulièrement meurtrières, est jalonnée par les coups d'Etat. Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre : le premier en avril 1974 contre le président Diori Hamani, le dernier en février 2010 qui a renversé le président Mahamadou Tandja. Sans compter les tentatives de putsch, nombreuses. Le nouveau président nigérien, Mohamed Bazoum va être confronté à l'immense défi des attaques terroristes dans la région des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où est particulièrement actif le groupe nigérian Boko Haram dans sa partie Est frontalière du Nigeria. Les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l'année: plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d'attaques contre des villages et des campements de l'ouest du pays, frontalier du Mali. Aucune n'a été revendiquée. Cependant, M. Bazoum a écarté tout dialogue avec les jihadistes, estimant que la situation de son pays était différente de celle du Mali. "Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n'y a pas un seul chef jihadiste nigérien, une seule base de jihadistes sur notre territoire", a-t-il affirmé dans un entretien à RFI et France 24.