Oued Bazir, un cours d'eau traversant plusieurs localités forestières à El-Milia (wilaya de Jijel), est pollué à l'extrême. Ce sont des internautes qui ont donné en premier l'alerte en diffusant des photos sur les réseaux sociaux avant que cette pollution, déjà signalée dans un ancien rapport de l'APW, ne capte l'intérêt de l'opinion public locale.Jadis pure et limpide, l'eau de cette rivière, désormais couverte par des essaims de moustiques, est devenue noirâtre et dégage une odeur fétide. Une véritable dérive écologique qui se fait jour dans une région à vocation forestière dont les espaces défrichés sont devenus des terres réservées à l'agriculture, à l'élevage avicole et apicole ainsi qu'à l'arboriculture. Et il y a un sérieux risque que toute la vallée soit impactée, surtout que ce cours d'eau se jette dans oued Boussiaba avant d'aller se déverser dans oued El-Kebir, en traversant plusieurs localités et des plaines agricoles. Le cours de ces oueds finit à l'embouchure de Ledjenah, en mer, plus au nord. Pour des riverains et des agriculteurs rencontrés sur les lieux, la cause de cette pollution est liée au centre d'enfouissement technique (CET) implanté non loin de là. Selon un rapport présenté lors d'une des précédentes sessions de l'APW, c'est le lixviat, un liquide résiduel provenant des déchets de cette infrastructure, qui est la principale cause de cette pollution. Les paysans en tout cas n'ont pas l'ombre d'un doute : la couleur noirâtre qui a pollué le cours d'eau provient de ce CET. "Allez voir plus en haut dans la localité de Lemgharba, c'est là que ce liquide s'accumule puis se déverse dans un bassin près du tunnel de la voie ferrée avant de se jeter dans l'oued", indique-t-on. "Il n'est plus question d'irrigation à partir de cet oued, et nos bêtes ne boivent plus de son eau", affirment les paysans. Cette pollution pose la problématique de gestion de ce CET. Il faut dire qu'en 2000 déjà, la population de Zerzour s'était opposée à l'implantation de ce projet dans la région. Des actions de protestation avaient été menées pour exiger sa fermeture, en vain. Les autorités locales étaient dans l'impossibilité de prendre une telle décision, elles qui étaient confrontées à l'épineux problème de gestion des déchets ménagers. Mais voilà, cette pollution est porteuse d'un réel danger écologique.Un sérieux problème à prendre en charge en urgence par les services concernés, car la situation risque de s'aggraver.