Le vieux débat sur la réforme de la politique des subventions peine à se matérialiser faute d'une décision courageuse pour en finir avec ce système égalitariste qui profite plus aux catégories aisées. Pour le président du Cnese, Redha Tir, cette politique dite sociale constitue un "lourd fardeau pour l'état." Les subventions sociales coûtent à l'état, au titre du budget 2021, la bagatelle de 17 milliards de dollars. De l'avis des experts participant à la journée d'étude sur "la rationalisation de la consommation", organisée hier par le Cnese à l'Ecole nationale d'administration (ENA), à Alger, il faut "repenser" le système des subventions, le réformer de manière à ce qu'il soit "clairement équitable et juste", profitant à "ceux qui en ont le plus besoin". Aïssa Belgharni, expert agricole, a estimé que de nombreux pays dont l'Egypte ont "réussi à réformer le leur, en mettant en place des outils adaptés pour aider les couches sociales les plus vulnérables". Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), a appelé, lui, à une réorientation d'une partie des subventions vers le "développement des entreprises", expliquant que l'aide ainsi accordée aux entreprises devrait contribuer à alléger le coût de la production et, partant, à faire "baisser le prix à la consommation". Mustapha Zebdi a souligné que "le gaspillage de produits alimentaires est fréquent à tous les échelons de la société, au point que la gestion des 'déchets' devient de plus en plus problématique", ajoutant qu'il existe "beaucoup de gaspillage de pain, d'eau et d'électricité pour lequel on ne fait rien". "Il s'agit là de trois produits fortement subventionnés", fait-il remarquer. Et de poursuivre : "Nous avons le devoir de limiter à tous les niveaux, le gaspillage." Comment ? Le président de l'Apoce estime qu'il "faut sortir un peu des travaux habituels organisés dans les salles de séminaires et aller sur le terrain pour sensibiliser les citoyens à la nécessité de ne pas gaspiller, au quotidien, l'eau, l'électricité, le pain et les autres produits alimentaires". Mustapha Zebdi a expliqué que la sensibilisation est un "travail de longue haleine qui exigera une réflexion continue, une évolution constante dont on peut voir plus tard les résultats". Il a, par ailleurs, noté que la révision du système des subventions devrait "diminuer le gaspillage" de beaucoup de produits. Redha Tir, président du Cnese, a, dans une longue allocution prononcée à cette occasion, rappelé que les subventions constituent "un lourd fardeau pour l'Etat". "Mais, a-t-il déploré, ni l'Etat, ni le consommateur, ni le commerçant n'en tirent profit." "Les subventions couvrent environ 60 à 70% du prix réel de la plupart des produits de consommation", a-t-il indiqué. Peut-on cependant aller vers la vérité des prix, dans un pays où la politique salariale est inappropriée ? Les prix des produits actuellement subventionnés comme les carburants, les céréales, le lait, le sucre, l'huile, l'eau et l'électricité seront libres si le système des subventions est révisé en profondeur. Cela induira évidemment une augmentation importante des prix de ces biens et services de large consommation. Une aide financière est, cependant, prévue pour les couches à faibles revenus leur permettant de faire face à cette hausse des prix. Ce dont tous les experts sont sûrs, c'est qu'avec la chute des cours du pétrole et la crise financière qui vide peu à peu les caisses de l'Etat, celui-ci ne peut plus supporter le coût de son onéreux système de subventions et qu'il ne peut plus s'offrir le luxe de dépenser quelque 20 milliards de dollars en subventions par an, presque 13% du PIB, au risque de connaître une faillite financière.