Les nouvelles autorités de transition soutenues par la communauté internationale s'emploient à obtenir le retrait des mercenaires et forces étrangères du pays. Le Conseil de sécurité de l'ONU a planché hier sur l'adoption d'une résolution entérinant les avancées politiques et sécuritaires en Libye, qui salue favorablement l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, en insistant sur la nécessité de prévoir un désarmement, une démobilisation et une réintégration des groupes armés et de tous les acteurs armés non étatiques. Ce texte, rédigé par le Royaume-Uni, a été mis au vote jeudi. En vertu des contraintes imposées par la pandémie de Covid-19, les 15 membres du Conseil votent par écrit sur une durée de 24 heures. Le projet de résolution "salue favorablement l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020" comme le nouveau gouvernement d'union par intérim "chargé de conduire le pays vers des élections nationales le 24 décembre". Sur le plan sécuritaire, le projet souligne "la nécessité de prévoir un désarmement, une démobilisation et une réintégration (dans la société) des groupes armés et de tous les acteurs armés non étatiques, une réforme du secteur sécuritaire et la création d'une architecture de défense inclusive et responsable pour la Libye". Le texte de résolution "demande à toutes les parties libyennes d'appliquer pleinement le cessez-le-feu du 23 octobre 2020 et appelle fermement tous les Etats membres à le respecter, y compris avec le retrait sans délai de toutes les forces étrangères et des mercenaires de Libye". En décembre, l'ONU avait estimé le nombre de ces forces étrangères et des mercenaires à 20 000 personnes dont très peu ont, semble-t-il, commencé à quitter la Libye. Le projet de résolution approuve enfin les propositions du Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres de prévoir une composante d'observateurs internationaux civils et non armés au sein de la mission de l'ONU (Manul) pour contribuer à surveiller le cessez-le-feu et le départ des troupes étrangères et mercenaires du pays. Dans une lettre au Conseil de sécurité datée du 7 avril, M. Guterres réitère la disposition de l'ONU à soutenir les Libyens pour ces objectifs, prévoyant pour l'entité créée au sein de la Manul "un maximum" de 60 observateurs. Si ce nombre doit être augmenté à l'avenir, le SG de l'ONU doit impérativement consulter le Conseil de sécurité, précise le projet de résolution. Ce chiffre de 60 apparaît très en deçà de ce que voulaient à l'origine les Occidentaux pour "un mécanisme robuste". L'ONU s'est heurtée à l'opposition des Libyens pour une forte présence étrangère sur leur sol pour superviser le cessez-le-feu dont ils veulent garder la maîtrise. Cependant, et alors que les nouvelles autorités de transition soutenues par la communauté internationale s'emploient à obtenir le retrait des mercenaires et forces étrangères du pays, la Russie a dit espérer le retour d'une "pleine" coopération militaire avec la Libye, à l'issue d'une rencontre hier entre le ministre russe de la Défense et le chef du nouveau gouvernement libyen unifié, Abdelhamid Dbeibah. Ancienne alliée de Mouammar Kadhafi, la Russie avait soutenu après sa mort l'un de ses anciens officiers, Khalifa Haftar, devenu l'homme fort de l'Est libyen. Moscou a été accusée d'avoir envoyé à sa rescousse des mercenaires du sulfureux groupe Wagner. Hier, M. Dbeibah a remercié le président russe Vladimir Poutine et appelé à la création de "nouveaux ponts" entre Moscou et Tripoli, selon le ministère russe de la Défense. Il a également dit avoir besoin du soutien de la Russie pour promouvoir "un nouveau climat économique". R. I.