Un appel a été lancé pour aider le pays à faire sortir les forces militaires turques. Un appel endossé par les départements de la Défense et des Affaires étrangères libyens. La présence des forces turques en Libye est au cœur d'une polémique engageant deux institutions libyennes, à savoir le conseil d'Etat et le ministère de Affaires étrangères du nouvel exécutif unifié, suite à une déclaration de la chef de la diplomatie Najla El-Mangoush qui a indiqué que son pays est déterminé à obtenir le retrait des troupes miliaires de Turquie de son pays. Cette déclaration a fait sortir de sa réserve le conseil d'Etat libyen qui a déclaré vendredi que "l'annulation de l'accord avec la Turquie n'est pas la prérogative du gouvernement". "Nous respectons les accords signés avec l'Etat turc et de tout accord antérieur conclu avec d'autres Etats dans n'importe quel domaine, en particulier la présence de troupes étrangères sur le territoire libyen", a déclaré Khaled El-Mechri, le président du conseil d'Etat. Et d'ajouter : "C'est un principe qui est rejeté dans son intégralité et en détail, et qui ne devrait pas faire l'objet d'un débat ou d'une surenchère par qui que ce soit, mais que tout le monde doit être bien conscient de la différence entre les mercenaires et la présence de forces basées sur ces accords." La ministre libyenne des Affaires étrangères avait, en effet, déclaré vendredi que la Libye a entamé un dialogue avec la Turquie, mais qu'il est déterminé à demander à tous les pays de coopérer pour retirer les troupes étrangères de son territoire, et ce, avant de souligner la nécessité de mettre en œuvre les résolutions de la conférence de Berlin, notamment l'instauration d'un cessez-le-feu et le départ des forces militaires étrangères illégales de Libye, de manière à ce que les élections se déroulent dans des conditions de sécurité et de stabilité. En visite jeudi à Rome, la MAE libyenne Najla El-Mangoush a indiqué devant la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants italiens, que "le gouvernement libyen d'unité nationale dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeiba a entamé un dialogue avec la Turquie, et a noté la volonté d'Ankara d'entamer des pourparlers et des négociations". "C'est une priorité pour la Libye, car notre sécurité dépend du retrait des troupes étrangères", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Nous comprenons que le problème ne peut être résolu du jour au lendemain." La MAE libyenne a rencontré son homologue italien Luigi di Maio, qui a souligné que "la réouverture de la route côtière et le départ de mercenaires de Libye sont une priorité pour son pays". Luigi Di Maio a fait part de l'engagement de l'Italie en faveur d'une stabilisation de la Libye et aussi de la disposition de son pays à coopérer avec la Libye pour "fournir des services essentiels au peuple libyen", mais aussi dans les secteurs politique, économique, culturel, social et sécuritaire. Di Maio, qui a confirmé également la réouverture imminente du consulat italien à Benghazi, a indiqué que cela atteste de l'attachement de l'Italie à l'intégrité territoriale de la Libye. Pour sa part, le ministre italien de la Défense Lorenzo Guirini a souligné que le renforcement de la coopération civile et militaire avec la Libye est une priorité stratégique pour l'Italie. La cheffe de la diplomatie libyenne a souligné en enfin que "l'engagement en faveur d'élections justes et transparentes ne peut se traduire par un succès si les conditions de sécurité et de stabilité ne sont pas réunies". Pour rappel, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité, le 16 avril à New York, une résolution qui appelle toutes les forces étrangères et tous les mercenaires à quitter la Libye, estimés à quelque 20 000 militaires étrangers et mercenaires encore actifs dans ce pays. Un chiffre qui comprend outre les militaires turcs, le groupe russe de sécurité Wagner mais aussi les mercenaires en provenance de Syrie, du Tchad et du Soudan.