Le directeur général par intérim de Sider, Lotfi Menaa, récemment installé aux commandes du complexe sidérurgique d'El Hadjar, a accepté de faire le point sur le contexte difficile que traverse le site et sur ce qui est prévu dans l'immédiat pour redresser la situation. Liberté : Pouvez-vous nous dire où en est le dossier de la deuxième phase du plan de réhabilitation du site Sider El Hadjar et quels seront les équipements susceptibles d'être concernés par ce programme ? Lotfi Menaa : Le dossier a été élaboré et soumis au groupe Imetal pour une validation par le Conseil des participations de l'Etat. Ce deuxième volet concerne la prise en charge des problèmes et des dysfonctionnements des unités situées en aval du haut fourneau et notamment les aciéries, et les laminoirs. Quels sont les objectifs de production fixés pour les unités en aval du haut fourneau et les autres usines filiales chargées de la transformation des produits ? L'objectif principal demeure la diminution des coûts, l'augmentation de la capacité de production, l'amélioration de la qualité de la filière produits plats et la mise sur le marché de nouveaux produits, tels que la tôle étamée et les nuances de grade API pour l'industrie pétrolière et ce afin d'améliorer la compétitivité. Ainsi, le laminoir à chaud, le laminoir à froid et la ligne de galvanisation à chaud feront l'objet d'une mise à niveau technologique visant à accroître la gamme de produits de notre site, d'une part, et d'autre part, garantir une qualité de produits conforme aux standards internationaux. Pour la filière produits longs, l'aciérie à billette et le laminoir rond à béton sont également concernés par des rénovations partielles et d'implantation de nouveaux équipements garantissant une meilleure sécurité du personnel et une protection de l'environnement en améliorant le volume et la qualité au moindre coût. Le site sidérurgique a vécu une situation plutôt difficile avec des ruptures de stock de matières premières, en minerai de fer et en coke, notamment. Ces contraintes ont-elles été levées ? Au sujet des approvisionnements, nous avons budgété l'achat de 1,7 MT de minerai local et plus de 500 KT de coke métallurgique en plus des autres consommables et pièces de rechange. Une attention particulière a été accordée au strict respect des programmes de réception de ces matières premières. Nous nous devons préciser que les achats prévus nécessitent une enveloppe dépassant un montant de 35 milliards DA par an. Le complexe sidérurgique projette de multiplier ses exportations de produits plats. Qu'en est-il concrètement ? Sider El Hadjar est le leader national dans le domaine des produits plats et nous envisageons d'exporter régulièrement 15 à 20 KT de produits sidérurgiques mensuellement, soit un total de 220 000 tonnes prévu pour 2021. Qu'en est-il de la couverture des besoins nationaux et des effets sur la facture des importations ? La gamme de produits plats fabriqués à Sider El Hadjar couvre la quasi-totalité des besoins actuels du marché national et nous comptons améliorer cette couverture par la mise à disposition de nouvelles nuances et quantités après la concrétisation du plan de développement phase 2. Développer la compétence de nos collaborateurs et améliorer sans cesse leur savoir-faire, est la priorité de l'équipe dirigeante. Le projet de titularisation des ingénieurs et techniciens sous contrat est-il en bonne voie ? Le processus de titularisation des quelque 2 000 ingénieurs et techniciens sous contrat CDD et CTA, dont beaucoup occupent des postes de responsabilité, est en cours de déploiement par la direction générale de Sider El Hadjar et sera d'un apport positif en termes d'engagement, de motivation et de mobilisation pour le développement du site. Les pouvoirs publics sont-ils intervenus directement dans le règlement des problèmes financiers que connaît le site ? Il faut noter que Sider El Hadjar n'a bénéficié d'aucune subvention, les emprunts d'exploitation sont réalisés sur la base de crédits bancaires remboursés avec intérêts et principal auprès de la Banque extérieure d'Algérie. Comme il a été toujours signalé, le complexe a recours au financement par endettement en vue de développer les infrastructures et la technologie pour être prêt à affronter la réalité économique nationale et internationale. La survie de Sider El Hadjar, son développement et ses performances ne peuvent être assurés qu'après concrétisation du plan de développement en attente de validation par le CPE et la libération de la convention Andi, et de là être compétitif en mettant en place une bonne stratégie commerciale. Une chose est sûre, autant le staff dirigeant que le partenaire social et les travailleurs, nous regardons dans la même direction dans l'espoir de redorer le blason du site sidérurgique.