Mercredi après le ftour, les journalistes ont été conviés à accompagner les gendarmes dans une opération organisée par le groupement d'Alger dans certains quartiers réputés chauds du littoral ouest et est. Il est 21h40. Les moteurs des Nissan et autres Land Cruiser dérangent les habitués du complexe touristique de Zéralda surpris par tant de véhicules. En groupes sur la terrasse d'un café, ils suivent du regard, ni curieux ni craintif, les éléments de la gendarmerie passant à la fouille corporelle des suspects. Deux gendarmes ressortent de l'intérieur du café avec deux jeunes menottes aux mains. On retourne dans les véhicules qui prennent le chemin du village agricole Aïssa-Hamdane. Des vérifications d'identité sans incident. Retour vers le parking du complexe de Zéralda. On arrête un jeune couple. Au cours de la fouille, on trouve dans le sac à main de la fille un morceau de kif. Son corps frêle tremble comme une feuille. On entame la procédure relative à la détention et consommation de la drogue. Un peu plus loin, on contrôle l'identité d'un autre couple à bord d'une voiture. En règle, mis à part que l'homme a sur lui une mirobolante somme de 100 millions de centimes. Un commerçant venu “respirer l'air marin”, comme il le dit. Nous quittons l'endroit pour Staouéli. Le commandant du groupement, auprès de qui nous avons pris place, augmente le volume de sa radio annonçant qu'un camionneur a été agressé à El-Harrach par un groupe de délinquants. Le lieutenant colonel Tayebi Mostefa lance un appel à la brigade compétente pour le suivi de cette affaire. Les véhicules s'arrêtent au village agricole Mellal à Staouéli. Un de ces misérables villages en parpaing et en eternit. L'éclairage public est inexistant. On s'engouffre dans une étroite route qui mène nulle part. Dans le noir, les ombres se faufilent dans un décor hitchcockien. Alors que les gendarmes font embarquer 10 personnes pour détention d'armes prohibées et consommation de drogue, un groupe d'habitants nous fait part de ses conditions de vie précaires. “Nos enfants font plus de 5 km pour rejoindre leur école”, nous prient-ils de transmettre à qui de droit. Ce village compte plus de 1 000 habitants. À chacun sa “sahra” Dans le grand parking de la place de Sidi-Fredj, on vient d'arrêter une femme pour défaut de présentation de papiers d'identité. On l'embarque dans le fourgon pour l'emmener à la brigade. Nous nous approchons d'elle et lui demandons les raisons de son arrestation. “Je vous jure sur la tête de mes enfants que je n'ai rien fait de mal. J'habite juste à coté. J'avais besoin du responsable du parking pour lui dire deux mots, et voilà qu'on m'arrête comme une vulgaire voleuse”, fait-elle savoir. Elle pleure toutes les larmes de son corps et nous demande entre deux sanglots d'intervenir auprès des officiers pour la laisser partir. Nous la rassurons qu'elle n'avait rien à craindre. Une formalité au niveau de la brigade. Le commandant de la compagnie lui rappelle que ce n'est pas la première fois qu'elle se fait arrêter pour le même motif. On nous explique que, comme d'autres habituées des lieux, elle racole une clientèle de bas niveau. Il faut dire que les nuits ramadanesques ou saharate ne sont pas toutes pareilles. Qaâda entre amis de bonne famille, zetla et débauche font bon ménage sur la côte. Dans le quartier Kaïdi (Staoueli) où nous arrivons, les gendarmes ont procédé déjà à l'arrestation de 12 personnes et saisi 7 armes prohibées et une bombe lacrymogène. Il est 23h passées de quelques minutes quand nous arrivons à la compagnie de Dar El-Beïda. Les trois descentes opérées au Bateau-Cassé, Ali Amrane II et cité Kaïdi, dans la commune de Bordj El-Kiffan, se sont soldées par l'arrestation de 60 personnes dont 2 femmes de mœurs légères et 7 africains (4 Camerounais et 3 Maliens). Parallèlement 7 armes prohibées, une bombe lacrymogène et deux morceaux de kif traité ont été saisis. Dans un point de presse, le lieutenant-colonel Mostefa Tayebi affirme que ces opérations vont s'étendre dans le temps. “En attendant une opération combinée avec nos collègues de la police prévue dans la deuxième quinzaine de Ramadhan, nous continuerons à appliquer rigoureusement le dispositif de sécurité qui a été renforcé par 1 000 gendarmes ; ce qui porte l'effectif total à 3 300 éléments affectés à la sécurité de la capitale”. Le commandant de groupement a déclaré également que le plan Delphine a pratiquement été maintenu après le 10 septembre en raison de la rentrée scolaire et du mois sacré. Au sujet de l'immigration clandestine, il confirme la volonté du groupement de mener une lutte sans merci contre ce fléau générateur de graves préjudices à l'Algérie. Il citera, entre autres, des affaires d'escroqueries commises par des immigrants clandestins sur de crédules citoyens algériens qui continuent de se fier au charlatanisme. ALI FARES