Ils étaient nombreux hier à l'amphithéâtre Zouhir-Ihadaden de l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger pour témoigner de la justesse du combat intellectuel mené par le défunt universitaire, Brahim Brahimi, en faveur de la liberté de la presse. En effet, ses anciens étudiants et ses ex-collègues de la faculté des sciences de l'information qui l'ont connu, admiré et aimé ont choisi la veille de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour raconter l'itinéraire professionnel et la trajectoire scientifique de Brahim Brahimi qui a milité durant toute sa longue carrière pour la liberté de la presse en Algérie. "C'est le meilleur hommage qu'on puisse rendre à cet intellectuel inlassable, en marquant une halte sur son parcours", ont affirmé, d'emblée, les organisateurs de la rencontre hommage d'hier intitulée : "Les apports du défunt Brahim Brahimi dans le domaine de la liberté de la presse". C'est le Dr Boudjemâa Redouane, ancien collègue et ancien étudiant de Brahim Brahimi, qui a planté le décor, en tentant de dresser un portrait qui retrace l'épaisseur intellectuelle du défunt et qui reprend les grands aspects de son projet scientifique. L'intervenant a ainsi relevé l'importance de cette circonstance pour reprendre dans le détail l'incommensurable parcours de cet universitaire dévoué : "Cette halte d'aujourd'hui nous offre aussi une opportunité pour revisiter un pan de l'histoire du combat pour la liberté de la presse en Algérie. Le projet scientifique adopté par notre défunt professeur est intimement lié à la philosophie des droits de l'Homme. Pour le défunt, le droit du citoyen à l'information relève de la philosophie des libertés et de la citoyenneté." L'approche de Brahim Brahimi pour la liberté de la presse est basée sur les fondements mêmes des libertés toujours d'actualité. Le défunt avait abordé la liberté de ton et de la critique bien avant l'avènement de l'ère des libertés politiques et d'expression en 1990. "Notre défunt professeur est réputé pour ses positions et ses critiques constructives. Il ne cessait, d'ailleurs, de critiquer les résolutions du parti unique", a encore rappelé le Dr Boudjemâa. L'orateur n'a pas manqué d'ouvrir, au passage, une parenthèse sur l'affaire du journaliste Rabah Kareche emprisonné depuis quinze jours à Tamanrasset. "Il m'est vraiment regrettable de constater qu'aujourd'hui, il y a encore des journalistes qui sont derrière les barreaux. Le correspondant de Liberté, Karèche, à Tamanrasset n'a rien fait de grave, il a juste rapporté et couvert une manifestation publique", se désolera Boudjemâa. Sur un autre registre, le conférencier a rappelé que Brahimi a édité trois ouvrages de référence qui traitent de la problématique de la liberté de ton et de l'information en Algérie. Il s'agit de Le pouvoir, la presse et les intellectuels algériens, "Le pouvoir, la presse et les droits de l'homme en Algérie, ainsi que Le droit à l'information, l'état d'urgence et le parti unique. "Ces trois livres dressent bien un portrait assez circonstancié sur la liberté de la presse en Algérie. Lorsqu'on consulte ses ouvrages, on comprendra rapidement que leur trame de fond est intimement liée à la philosophie politique et à la philosophie de la presse", expliquera encore Boudjemâa Redouane. Les travaux de cette journée d'étude se sont poursuivis aussi par la présentation d'un documentaire qui retrace le parcours du défunt. Des collègues et des anciens étudiants de Brahim Brahimi ont rappelé que le défunt avait également consacré sa vie à l'enseignement. Le défunt reste un des fondateurs et un des fervents militants pour le retour de l'Ecole supérieure de journalisme en 2008 qu'il a dirigée jusqu'en 2013. Brahim Brahimi est décédé un 22 septembre 2018.