"La presse n'est ni un crime et ni un délit", "libérez Rabah Karèche", "libérez la presse", "Algérie libre et démocratique", a crié la foule composée de journalistes, avocats, militants politiques ou simples citoyens. Le rassemblement de soutien et de solidarité avec le journaliste Rabah Karèche, tenu au siège du quotidien Liberté hier, a été un franc succès. En effet, ils étaient plusieurs dizaines de journalistes, d'avocats, de militants politiques et associatifs et de citoyens à avoir pris part à l'action. Sur place, les manifestants ont dénoncé la mise sous mandat de dépôt du journaliste et ont appelé à sa libération immédiate. Sous les cris de "la presse n'est ni un crime ni un délit", "libérez Rabah Karèche", "halte à la persécution de la presse", "libérez la presse", ou bien "Algérie libre et démocratique", les présents au rassemblement ont appelé à d'autres actions de protestation pour "arracher" la libération de Rabah Karèche. Venus de plusieurs wilayas, notamment de Bouira, de Tamanrasset, de Tizi Ouzou, de Béjaïa et d'Alger, les manifestants ont estimé qu'il est "du devoir de tout militant" de se "solidariser avec Rabah Karèche et d'exiger sa libération", car "il s'agit d'une grave atteinte à la liberté de la presse".Abdelouahab Fersaoui, président de RAJ et ancien détenu d'opinion, n'était pas en reste. Ainsi, il a estimé que "la liberté de la presse est plus que menacée par les agissements du régime à travers l'incarcération des journalistes qui résistent encore au rouleau compresseur du pouvoir", ajoutant qu'on ne peut "construire une démocratie sans garantir la liberté de la presse que nous devons tous défendre". Mounir, jeune commerçant venu de Tamanrasset, a souligné que Rabah Karèche "est aimé de tous". "C'est un journaliste qui fait son travail d'une manière professionnelle", témoigne-t-il. Mounir a souligné également que l'acharnement dont il est victime "vise à le faire taire", car "il dérange certains cercles locaux". Chabane Meziane, ancien détenu du mouvement citoyen de Kabylie et actuellement élu à l'APW de Bouira, a souligné qu'il est venu "apporter mon soutien et dénoncer l'arrestation de Rabah Karèche". Chabane Meziane a ajouté que "le régime autoritaire doit cesser ses provocations et les incarcérations de journalistes". Yasmina Lamriben, journaliste, a souhaité quant à elle que "justice soit rendue à Rabah Karèche". Samir Sidi-Saïd, avocat et militant des droits de l'Homme, a déclaré pour sa part qu'il assiste au sit-in en tant qu'avocat pour "dénoncer cette arrestation" contre laquelle il exige "la libération du détenu et le respect de la presse". Me Sidi-Saïd a ajouté que "les pouvoirs publics doivent saisir et comprendre la place qui doit être celle du 4e pouvoir". "Je lance un appel pour la libération de tous les détenus d'opinion", a ajouté l'avocat, avant que Me Aziz Mouloud n'abonde dans le même sens, en estimant que sa présence au rassemblement "est une manière de manifester" son "soutien indéfectible à un journaliste victime de l'absolutisme et de l'arbitraire". "Notre souci de défendre la liberté de la presse en particulier et la liberté en général est une constante", a indiqué Me Aziz Mouloud. Me Hakim Saheb a, quant à lui, souligné que "je suis là pour exprimer toute mon indignation face à l'acharnement dont sont victimes les journalistes et face aux atteintes répétées à la liberté de la presse et au droit d'informer". Me Saheb a souligné que Rabah Karèche a été "injustement" mis sous mandat de dépôt pour avoir "exercé librement et dignement son métier de journaliste". Youcef Taâzibt, responsable au sein du Parti des travailleurs (PT), a indiqué qu'il a pris part au rassemblement "pour joindre sa voix à l'exigence démocratique de libération de Rabah Karèche" et "réaffirmer que le journalisme n'est pas un crime". "Les autorités doivent cesser de gérer d'une manière sécuritaire les problèmes politiques", a-t-il dit, estimant que "nous connaissons la situation au sud du pays", mais "la défense de la sécurité et de la souveraineté nationales ne se fait pas uniquement avec les moyens militaires, mais aussi par la démocratie et la liberté". Réaffirmant son soutien à Rabah Karèche, Youcef Taâzibt a réitéré son soutien à Saïd Djabelkhir. Pour le journaliste El-Kadi Ihsène, "le régime a développé une addiction à la répression", estimant qu'il a voulu "s'en séparer, mais en vain". "Il harcèle tout le monde et cible toutes les libertés", a-t-il encore dit, considérant que les journalistes "ne doivent pas séparer la défense de la liberté de la presse de celle des autres libertés". Après près de deux heures de protestation, les présents au sit-in se sont dispersés dans le calme, avant d'annoncer d'autres actions similaires en guise de soutien et de solidarité avec Rabah Karèche.