Le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a mis en garde le mouvement de contestation des agents de la Protection civile, lesquels ont organisé, dimanche, une marche et un sit-in devant le siège de leur Direction générale à Alger. Dans un communiqué rendu public, dimanche soir, le ministère de l'Intérieur a accusé des "parties" qu'il n'identifie pas au demeurant d'être derrière le mouvement de contestation des pompiers, alors que les agents de ce corps constitué soulèvent des problèmes et revendications liés exclusivement à leurs conditions socioprofessionnelles, comme nous avons pu le constater à travers leurs slogans durant la marche de dimanche. "Nourris par des parties servant des agendas hostiles à l'égard de l'Algérie, ce mouvement intervient au moment où la tutelle a procédé à l'examen des préoccupations socioprofessionnelles des affiliés de ce corps et à la prise en charge des revendications soulevées dans le cadre de la loi, comme affirmé par le syndicat national des agents de la Protection civile publié le 29 avril 2021", a indiqué le ministère de l'Intérieur. Or, les contestataires affirment ouvertement que ledit syndicat ne les représente pas et leurs revendications sont loin d'être prises en charge par la tutelle. Ce n'est pas la première fois que les autorités réagissent de la sorte, en accusant toute voix contestataire d'agir pour le compte de parties, internes ou externes, qui voudraient, à leurs yeux, du mal à l'Algérie. La semaine dernière, alors que le secteur de l'éducation nationale était en ébullition après un mouvement de grève des enseignants, le Premier ministre Abdelaziz Djerad s'était attaqué frontalement aux syndicats, considérant que les "récents mouvements de contestation comme une manœuvre visant à servir des objectifs clairs, mêmes s'ils ne sont pas déclarés, visant à perturber le climat de changement que les pouvoirs publics ont initié, notamment par l'installation des nouvelles entreprises dans le cadre du projet de l'édification de l'Algérie nouvelle". Estimant que l'Etat s'est beaucoup investi pour garantir un meilleur cadre de vie des fonctionnaires, le Premier ministre s'est ouvertement attaqué aux syndicats autonomes, dont certains ne sont pas agréés, même si cela n'a pas empêché les autorités d'en discuter avec eux à maintes reprises. "En dépit de ces efforts, il a été observé ces derniers temps une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées", a accusé M. Djerad. Dans un contexte de poursuite de la révolution populaire, enclenchée le 22 Février 2019, mais surtout à la veille des élections législatives anticipées du 12 juin prochain, les autorités voient des "mains malveillantes" presque partout, alors que la situation socioéconomique difficile, comme le reconnaît Djerad lui-même, ne laisse aux Algériens que le choix de la protestation. C'est le cas, d'ailleurs, de nombreux militants et activistes du Hirak, mais également des journalistes, arrêtés et poursuivis en justice, pour certains, pour "adhésion à une organisation destructive activant à l'intérieur et à l'extérieur du pays".