Quatorze syndicats du secteur de l'éducation ont décidé, à l'issue d'une réunion tenue le 28 avril dernier, d'organiser une grève nationale de trois jours les 9, 10 et 11 mai prochain. Les membres de l'intersyndicale ont aussi appelé le personnel de l'éducation à se rassembler devant les directions de l'éducation à travers l'ensemble des wilayas du pays. L'intersyndicale a dénoncé, dans un communiqué rendu public, le «mutisme» et «l'indifférence» de la tutelle et du gouvernement à l'égard des revendications légitimes du personnel de l'éducation. Et ce, au moment où le secteur est en pleine effervescence avec des mouvements de protestation quasi permanents et avec la sortie des enseignants dans la rue. Les syndicats ont mis en garde le ministère de l'Education qui continue à faire la sourde oreille face à son personnel qui est au bord de la crise de nerfs, notamment avec la dégradation fulgurante du pouvoir d'achat des fonctionnaires. L'intersyndicale exige une augmentation des salaires avec une révision à la hausse du point indiciaire et l'application avec effet rétroactif du décret présidentiel 14-266, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Les syndicats réclament en outre le retour au système de la retraite anticipée et à la retraite sans condition d'âge après 32 ans de service, comme ils ont appelé à la libération des écoles du cycle primaire de la tutelle des collectivités locales. Ils revendiquent également la régularisation définitive des arriérés financiers, en instance au niveau des wilayas, en plus de la révision de la situation des corps touchés par le reclassement (les intendants, le personnel de l'orientation scolaire et professionnelle, les conseillers d'éducation, les employés des laboratoires, les assistants d'éducation et les conseillers en alimentation scolaire). A noter que le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, s'est déjà prononcé sur les mouvements de protestations sectorielles enregistrés ces derniers temps, lors de la réunion du gouvernement tenue mercredi dernier à Alger. Djerad a affirmé qu'«en dépit de ces efforts, il a été observé ces derniers temps une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées, soulevant certaines revendications, dont les demandeurs sont pertinemment conscients qu'elles ne sont pas réalisables, témoignant ainsi de l'état de négligence que de nombreux secteurs ont connu depuis plus de 15 ans». Des syndicats désapprouvent les déclarations du Premier ministre Les déclarations du Premierministre ont suscité de l'indignation chez certains syndicats notamment ceux de l'éducation.Le Cnapeste a vite réagi, dans un communiqué rendu public, jeudi, qualifiant les propos du Premier ministre de «provocateurs et frustrants par rapport à la réalité de la situation». «Des propos qui peuvent bien entraîner de fortes perturbations et de tension dans le secteur de l'éducation et bien d'autres», souligne le syndicat qui met en garde contre des « troubles qui seront peut-être difficiles à contrôler ». Le Cnapeste alerte en affirmant que « la réalité socioprofessionnelle de l'enseignant a atteint son plus bas niveau, ce qui nécessite des mesures pratiques et des décisions audacieuses qui permettent de rectifier les accumulations, notamment avec la terrible baisse du pouvoir d'achat ». Pour le syndicat, « les événements actuels ont démontré l'échec des responsables du secteur, au niveau local et national, à faire face aux crises et à faire face à la situation par leur incapacité à trouver et apporter des solutions possibles et rassurantes sur le terrain ». Et de souligner que « les résultats de l'évaluation de la grève réussie organisée les 12 et 13 avril 2021 par le Cnapeste confirment la légitimité des revendications soulevées, mais n'a malheureusement pas connu de réponse ni de garantie », souligne le communiqué du Cnapeste. Le syndicat a annoncé la tenue d'une réunion de son bureau national qui se tiendra aujourd'hui 02 mai, afin de débattre et étudier la situation actuelle et soumettre des propositions sur les perspectives d'avenir pour protéger les acquis des fonctionnaires de l'éducation mais aussi pour faire valoir les droits du personnel de l'éducation par la satisfaction des revendications soulevées.