La décision prise par la Commission d'urgence de la CAF de reporter de juin à septembre le début des éliminatoires du Mondial n'arrange assurément pas la sélection algérienne pour au moins trois raisons. Explications. Finalement, la Confédération africaine de football n'a pas attendu la réunion de son comité exécutif, prévue le 15 mai prochain au Caire, en Egypte, pour valider la décision de repoter au mois de septembre le début des éliminatoires du Mondial 2022, programmé initialement pour le mois de juin. La CAF, sans doute pour permettre aux sélections nationales de préparer un plan B (matchs amicaux), s'est référée à une décision finale de son comité d'urgence. "La Commission d'urgence de la CAF, en concertation avec la FIFA, a décidé de reporter les éliminatoires africaines de la Coupe du monde de la FIFA, Qatar 2022 TM qui devaient se jouer en juin 2021. La prise en compte des défis que représente la gestion de la pandémie de Covid-19 et le souci de garantir des conditions de jeu optimales pour toutes les équipes participantes sont à l'origine de ce report. Les rencontres des éliminatoires se tiendront désormais durant les fenêtres internationales de septembre, octobre et novembre 2021, ainsi que de mars 2022. La CAF réévalue ses process et protocoles afin d'améliorer la mise en œuvre des contrôles liés à la Covid-19, notamment les tests d'avant-match qui ont fait controverse au cours des précédentes fenêtres. Tous les détails relatifs au calendrier actualisé des matchs seront communiqués ultérieurement", a annoncé jeudi un communiqué de l'instance africaine. Par "le souci de garantir des conditions de jeu optimales pour toutes les équipes participantes", la CAF fait évidemment allusion aux pays participant aux éliminatoires dont les stades sont non homologués. La Confédération africaine de football avait en effet publié lundi une liste de 23 stades non homologués pour abriter les rencontres des éliminatoires du Mondial 2022. On y retrouve les stades du Mali, du Liberia, du Centrafrique, de la Namibie, du Malawi, du Sénégal, du Burkina Faso, du Burundi, de la Gambie, de l'Eswatini, du Sud-Soudan, de la Somalie, des Seychelles, du Sao Tomé, du Niger, du Lesotho, du Tchad, de l'Erythrée, du Malawi, de Maurice, de la Réunion, de la Sierra Leone et de Zanzibar. Ces pays ne devaient donc pas recevoir leurs adversaires dans leurs fiefs respectifs, soit un handicap certain. La CAF espère donc à travers ce sursis accorder du temps à ces pays pour réunir des conditions d'accueil acceptables dans au moins un stade pour pouvoir recevoir à domicile. Pas évident du tout en fait quand on connaît le grand retard enregistré dans ce domaine. Ce report est-il pour autant bénéfique pour tout le monde ? Est-ce intéressant pour l'Algérie ? Assurément non, et les raisons sont multiples. Primo, la sélection nationale est en phase ascendante depuis son sacre africain en Egypte. Les Verts sont invincibles depuis 24 matchs. C'est sans doute la bonne période avec des joueurs expatriés en bonne forme, à l'image de Mahrez, de Bounedjah, de Belaïli, de Mandy et autres Bensabaïni et Benacer, pour ne citer que ceux-là, pour tenter de glaner six points lors des deux premiers matchs, prévus initialement pour le 5 juin au stade Tchaker de Blida contre Djibouti et la mi-juin contre le Burkina Faso. Seondo, la sélection algérienne, en raison de la non-homologation du stade du 4-Août de Ouagadougou, devait affronter l'adversaire le plus dangereux dans son groupe sur terrain neutre. Avec ce report, les Burkinabés auront l'occasion de refaire leur retard pendant quatre mois pour opérer des travaux urgents afin d'être prêts pour la visite de la commission d'homologation des stades de la CAF. La troisième raison est liée au classement FIFA : lors du dernier classement, la sélection algérienne est actuellement classée 33e au plan mondial. Sur le plan continental, l'Algérie est à la quatrième position, devancée par le Sénégal (22e), la Tunisie (26e) et le Nigeria (32e). Ce classement est justement très important dans la perspective des matchs de barrage pour la qualification au Mondial, dans la mesure où les équipes classées dans les cinq premières places auront l'occasion de recevoir au match retour à domicile. Les Verts peuvent-ils à ce titre maintenir ou, mieux encore, améliorer ce classement d'ici au match de barrage, prévu désormais pour le mois de mars 2022 ? Pas évident, lorsqu'on sait qu'entre-temps il y aura les matchs amicaux, les rencontres de la phase de poules des éliminatoires du Mondial, la Coupe arabe FIFA au Qatar et la CAN 2022 au Cameroun. Une phase que les Verts devront négocier avec succès s'ils veulent arriver en force au mois de mars pour les deux matchs de barrage. Le fait que la FIFA comptabilise la Coupe arabe qui se jouera avec les équipes B peut être un handicap pour l'Algérie qui ne dispose pas encore d'équipe locale valable à six mois du rendez-vous qatari. Une mauvaise participation lui coûtera chère. Bien sûr, c'est aussi valable pour tous les pays arabes, mais il faut reconnaître qu'un match de barrage au mois de novembre aurait garanti aux Algériens un avantage certain. SAMIR LAMARI