S'il dit souhaiter bâtir des liens "stratégiques" et empreints "d'excellence", le chef de l'Etat lie toute évolution des liens entre les deux pays au traitement du dossier de la mémoire. Dans un message lu en son nom par le secrétaire général du ministère des Moudjahidine, Laïd Rebika, à l'occasion de la commémoration du 76e anniversaire des massacres de Mai 1945, Abdelmadjid Tebboune a soutenu que "l'excellence des relations avec la République française ne saurait exister en dehors de l'histoire et du traitement des dossiers de la mémoire qui ne sauraient faire l'objet d'aucune renonciation". Parmi les dossiers qui restent pendants, le chef de l'Etat a cité ceux du rapatriement des crânes de résistants algériens, des disparus, de la récupération des archives et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Ces dossiers doivent être traités "avec sérieux et pondération" afin que "le raffermissement des relations entre l'Algérie et la France soit sur des bases solides", estime le chef de l'Etat. "Si regarder vers l'avenir prometteur est la clé du raffermissement et de la valorisation des liens entre nations, cet avenir doit, néanmoins avoir un socle solide, délesté de toutes les turpitudes du passé", soutient-il. Pour Abdelmadjid Tebboune, l'Algérie est "prête à dépasser tous les obstacles et à aplanir toutes les difficultés pour un avenir meilleur, et à renforcer un partenariat exceptionnel pour hisser les relations au niveau stratégique, pour peu que les conditions adéquates y soient réunies". Déjà, la veille de cette sortie, le porte-parole du gouvernement a rappelé que la normalisation des relations entre les deux pays est tributaire de "la reconnaissance" officielle par la France de ses crimes. Il a également réclamé "la repentance" de la France. Une tonalité qui tranche singulièrement avec les propos de Tebboune sur la question développée jusque-là. Au plan interne, Abdelmadjid Tebboune a de nouveau fait la promotion des élections législatives du 12 juin prochain. Selon lui, ce scrutin va consolider le processus de "renouveau national". Il se dit "confiant en la volonté du peuple algérien d'asseoir un Etat d'institutions et de droit". Une occasion pour lui de faire le lien entre la situation d'aujourd'hui et le combat d'hier. "(...) Nous sommes convaincus de la volonté du peuple algérien et de sa pleine conscience de raffermir les fondements du choix démocratique libre à même de permettre d'asseoir un Etat d'institutions et de droit et de construire l'Algérie souveraine et forte, rêvée par les chouhada et les moudjahidine", souligne Abdelmadjid Tebboune. Il insiste, dans ce contexte, sur l'importante valorisation de la mémoire et de sa transmission à la jeunesse, estimant que "c'est là, le meilleur gage pour l'immunisation de la nation et le renforcement de son lien à la patrie forte des gloires de son passé et capable d'interagir avec les réalités de son époque pour atteindre la réussite souhaitée dans l'édification de l'Algérie nouvelle".