Héritant, certes, d'une situation catastrophique, Mohamed Bichari, qui a eu le courage de prendre le train en marche, a, néanmoins, eu du mal à rejoindre son wagon. À peine installée, la commission fédérale de l'arbitrage (CFA) présidée par Mohamed Bichari essuie déjà des critiques. Les premières salves concernent essentiellement la publication maladroite de la liste des arbitres promus au grade fédéral sans qu'elle soit au préalable validée par le bureau fédéral, tel que préconisé par le règlement de l'arbitrage, la nouvelle composante de la CFA et son mode de fonctionnement. Héritant, certes, d'une situation catastrophique, Mohamed Bichari, qui a eu le courage de prendre le train en marche, a, néanmoins, eu du mal à rejoindre son wagon. Il a pris la responsabilité de publier une liste d'arbitres promus qu'il n'a pas surveillée ni de près ni de loin, puisque préparée en catimini par l'ex-président de la CFA, Mohamd Ghouti. Le nouveau patron de l'arbitrage algérien, sur lequel reposent beaucoup d'espoirs pour reformer un corps arbitral gangrené par la corruption, aurait dû revoir carrément la copie de Ghouti, extirper les indus promus conformément aux critères d'éligibilité, quitte à refaire les tests d'évaluation, avant de publier une liste saine avec la bénédiction de l'exécutif. Du coup, il a pris le risque de soulever le courroux des arbitres lésés avant de l'annuler carrément pour "irrégularités constatées" visiblement a posteriori. Cette précipitation avérée l'a rendu vulnérable aux yeux de ses adversaires, ceux qui ont accaparé l'arbitrage et ses intérêts ces quatre dernières années, à commencer par l'entourage direct de l'ancien président de la FAF. Désormais, après ce couac malheureux de la liste, Bichari doit montrer patte blanche et prouver qu'il est capable de faire respecter la réglementation, au moment où des membres du bureau fédéral comptent des proches dans cette fameuse liste de la discorde. Il doit prouver qu'il n'abdique à aucune pression d'où qu'elle vienne et qu'il n'accepte pas les compromis. Bichari a aussi franchement mérité des critiques sur la composante de la CFA. Il a préféré porter son choix sur des personnes au passé douteux et surtout qui n'ont rien apporté à la CFA depuis de longues années, alors qu'il avait promis d'injecter des compétences reconnues et un souffle nouveau. Au moment où l'on s'attendait à la désignation des Haïmoudi, Benouza et autres Medjiba, Bichari a préféré puiser dans la vieille garde dépassée. Là aussi, il a soulevé le courroux des anciens arbitres qu'il a promis pourtant de ne plus marginaliser, à l'image de Djamel Haïmoudi, auteur d'une interview au vitriol dans la presse locale. En fait, au lieu de recruter des fonctionnaires pigistes des quatre coins du pays (pas un seul ex-arbitre d'Alger), Bichari serait mieux inspiré d'enrôler un encadrement composé d'ex-arbitres permanent pour une gestion quotidienne et sérieuse de l'arbitrage algérien. La commission fédérale de l'arbitrage a besoin de spécialistes désintéressés, pleinement investis, rémunérés pour des tâches bien prises, dans un siège défini à Alger, pour faciliter son fonctionnement. C'est la responsabilité de la FAF de doter la CFA de tous les moyens humains et matériels et d'un statut clair pour mener à bien la réforme profonde et progressive promise par le nouveau président de la FAF, Charaf-Eddine Amara. Le reste n'est que littérature... SAMIR LAMARI