La décision de rouvrir partiellement des frontières et de permettre la reprise des vols à partir du mois prochain soulage la diaspora algérienne, mais soulève tout de même quelques appréhensions. Florilège de réactions à Montréal. La plupart des compatriotes approchés par Liberté ont salué la décision, même s'ils ne cachent pas des préoccupations qu'ils disent "légitimes". Pour Nacer Irid, ingénieur, la réouverture des frontières est "une bonne chose en soi", mais le nombre de vols autorisés est insuffisant si l'on considère l'importance numérique de la diaspora, notamment en France et au Canada. "Par ailleurs, le test PCR de 36 heures n'empêchera pas la propagation du virus", nuance M. Irid qui s'interroge sur les garanties de retour pour ceux qui seraient rentrés. Djilali Kashi, cadre gestionnaire dans une entreprise, évoque une "excellente nouvelle". "L'Algérie doit se conformer aux standards internationaux qui seront certainement annoncés avant le début de la saison estivale pour être en mesure d'attirer les compatriotes qui souhaitent visiter le pays", analyse M. Kashi pour qui l'annonce de l'obligation de faire un test Covid sur place n'inspire pas confiance. "La perspective de passer son séjour dans un hôtel plutôt que chez la famille met un coup de frein à mon projet", avoue-t-il. Mahfoud Messaoudène, ingénieur, abonde dans le même sens. "Cette décision touchera principalement les nombreux Algériens bloqués à l'extérieur du pays, mais pour le cas de familles comme la mienne qui souhaitent s'y rendre pour des vacances, c'est-à-dire un aller-retour, je ne vois pas l'avantage de le faire avec les mises en quarantaine que les deux pays imposeront aux voyageurs", se désole cet activiste politique. "C'est la seule et presque unique nouvelle qui vaille la peine d'être saluée", ironise Mohand Tessa, retraité, soulignant que cette annonce met fin à la cacophonie entretenue sur le sujet. "La mesure reste, néanmoins, insuffisante au regard du volume de la clientèle attendue. Il faut espérer que la cadence des vols augmentera, permettant ainsi à Air Algérie de se remplumer", ajoute-t-il. Lynda Bennabi, gestionnaire, dit ne pas faire confiance aux mesures sanitaires prises par Alger. "Il était temps que les frontières rouvrent, mais pour ma part, je vais temporiser avant de me décider à voyager", estime Lynda Bennabi, disant se référer aux recommandations d'Ottawa aux ressortissants canadiens désirant se rendre en Algérie. "Certes, la réouverture prochaine des frontières redonne de l'espoir aux Algériens à l'étranger, mais je prends cela avec des pincettes, car il ne faut pas oublier la fin abrupte réservée aux vols de rapatriement, annulés à la dernière minute", rappelle Abdelkader Kechad, actif dans le milieu communautaire. "Ici au Canada, une famille s'est déplacée de l'Ouest canadien pour se retrouver bloquée à Montréal", dit-il. "Je suis très heureux pour les visiteurs algériens qui sont bloqués ici à Montréal depuis plus d'un an et pour les membres de notre communauté qui souhaitent rendre visite à leurs proches en Algérie", soutient Jihad Hamili, un hirakiste convaincu, appelant les compatriotes désirant voyager à se faire vacciner pour éviter la propagation du virus. Mustapha Smaïl, ancien banquier, attend depuis six mois son épouse qui a reçu son visa d'installation, mais est restée bloquée en Algérie. Mme Smaïl est dans l'incertitude, alors qu'elle avait demandé une première démission qu'elle a dû annuler, au risque de ne pas pouvoir rejoindre son époux.