Des universitaires, chercheurs des quatre coins du pays et de l'étranger appellent à la libération "immédiate" des détenus d'opinion, à la cessation des intimidations contre les activistes du Hirak et à la levée des restrictions sur les libertés individuelles et collectives. La répression, le week-end dernier, des marches populaires du Hirak, suivie d'arrestations tous azimuts, a fait réagir plusieurs universitaires, enseignants chercheurs qui déplorent le recours à la force publique pour venir à bout du Hirak pacifique. Pis encore, selon les signataires - une centaine - du texte de dénonciation parvenu, hier, à notre rédaction, l'"escalade", dont font usage les autorités aura "des conséquences gravissimes ; qui ne feront qu'accentuer la rupture entre le peuple et le pouvoir politique". "La journée du vendredi 117 a été marquée par une escalade sécuritaire et répressive sans précédent. Les marches populaires et pacifiques dans les différentes wilayas du pays ont subi une vague répressive, sans précédent, avec l'arrestation de plusieurs centaines de citoyens sans distinction (femmes, enfants, personnes âgées, jeunes). Des cadres de différents secteurs, des intellectuels et des universitaires qui représentent la fierté de ce pays n'ont pas échappé aux arrestations", dénoncent Louisa Aït Hamadouche, politologue, Abidi Hasni (enseignant-chercheur, Genève), Achi Nacira (Université Mouloud-Mammeri, Tizi Ouzou), Addi Houari (Washington University), Amar Mohand Amer (historien, Crasc, Oran), Bensaâd Ali (chercheur, Paris), Boufenik Fatma (Université d'Oran), Benatia Islam (Faculté de médecine, Alger 1), Djabi Nacer (Université Alger 2), Dris Cherif (ENSJSI), El-Kadi Tinhinan (London School of Economics), Hennad Mohamed, (Alger), Ouldali Samy Hassani (Université de Tizi Ouzou), Ouchichi Mourad (Université de Béjaïa) et des dizaines d'autres enseignants universitaires, visiblement en colère contre les arrestations qui ciblent les citoyens de toutes les catégories. "Est-il normal d'arrêter un journaliste qui transmet l'information ? Est-il normal d'arrêter un avocat qui défend les citoyens au nom de la loi ? Est-il normal d'arrêter un professeur d'université qui a préféré rester en Algérie pour former les enfants de son pays ? Est-il normal d'arrêter un étudiant qui exprime l'amour de son pays par un militantisme pacifique ?", s'interrogent les signataires de la pétition. En plus de condamner le recours des autorités au "tout sécuritaire", les auteurs du document avertissent contre cette "escalade" qui vise, selon eux, autant à faire échec au Hirak qu'à imposer un "agenda rejeté" par la grande majorité des Algériens, en référence aux prochaines élections législatives anticipées du 12 juin prochain et dont le sort est plus que jamais incertain. "Nous condamnons fermement la politique du tout sécuritaire empruntée par les pouvoirs publics pour faire échec au Hirak pacifique et responsable dont ils ont vanté les mérites devant l'opinion nationale et internationale. Cette escalade, qui vise à imposer un agenda rejeté par la grande majorité des Algériens, aura des conséquences gravissimes ; qui ne feront qu'accentuer la rupture entre le peuple et le pouvoir politique", lit-on encore dans le texte. Les enseignants, chercheurs et universitaires des quatre coins du pays exigent également la libération immédiate de tous les détenus d'opinion, la cessation des intimidations et des persécutions dont font l'objet les activistes du Hirak et les participants aux marches, la levée des restrictions sur les libertés individuelles et collectives, la consécration du droit de manifester pacifiquement reconnu par la Constitution, en abrogeant la dernière circulaire du ministère de l'Intérieur et, enfin, l'ouverture des médias publics aux différentes opinions et tendances. Karim Benamar