La solidarité s'est de nouveau manifestée avec les détenus d'opinion et activistes du Hirak emprisonnés et/ou faisant l'objet de poursuites judiciaires, à travers les slogans et mots d'ordre scandés par les marcheurs constantinois. Face à l'épreuve du jeûne dans des conditions climatiques parfois difficiles, le Hirak constantinois ne fléchit pas. Hier, ils étaient encore plus nombreux à braver l'interdit à l'occasion du 4e vendredi consécutif depuis le début du mois de ramadan et le 116e depuis l'historique 22 Février 2019. En effet, "tout porte à croire que le pouvoir peaufine une stratégie de musellement systématique du Hirak et se dirige vers l'interdiction pure et simple des marches et rassemblements citoyens. Son agenda électoral autant que le recours de plus en plus fréquents à la répression et aux arrestations massives de manifestants pacifiques le suggèrent", dira Abdelkader, cadre universitaire à la retraite. Pour lui, "cette escalade ne fait que renforcer la détermination du peuple d'en découdre avec ce système politique qui tente de se régénérer par tous les moyens contre la volonté citoyenne d'amorcer un véritable changement, de s'émanciper et d'asseoir un Etat de droit et de justice". Son compagnon Cherif, qui prenait également part à ce 116e acte de mobilisation du Hirak à Constantine, s'étonne, pour sa part, de "la cécité qui frappe ce pouvoir. Il est tout de même impensable qu'à l'ère des technologies de l'information et de la communication très performantes et où plus rien n'échappe aux réseaux sociaux et aux donneurs d'alerte, l'on continue à manipuler des canaux de propagande révolus et dénués de toute crédibilité, afin de réduire cet extraordinaire soulèvement populaire scruté et salué par le monde entier à un chahut de gamins et, pis encore, à un complot ourdi par des ennemis de l'Algérie". Comme eux, les centaines de manifestants qui se sont donné rendez-vous comme à l'accoutumée à la place mitoyenne au palais de la culture Mohamed-El Aïd-El Khalifa dès la fin de la prière du vendredi partagent un même objectif. Au-delà des différences doctrinales que l'on peut déceler dans les discours des uns et des autres, car "c'est la marque de fabrique du Hirak algérien. Il est trans-générationnel, trans-partisan et n'est ni ségrégationniste ni régionaliste. Pour preuve, les solidarités qui se tissent aux quatre coins du pays à chaque fois que le Hirak ou encore des activistes sont victimes de la tyrannie du pouvoir et ses moyens répressives", dira Adel, un fidèle des marches et agoras auxquelles il contribue régulièrement. Une solidarité aux détenus d'opinion et activistes du Hirak emprisonnés et/ou faisant l'objet de poursuites judiciaires a été, encore une fois, manifestée à travers les slogans et mots d'ordre scandés par les marcheurs constantinois qui ont sillonné en boucle les principales artères du centre-ville, non sans avoir exprimé leur rejet des élections législatives prévues le 12 juin prochain.