L'agression perpétrée contre les enseignantes de Bordj Badji-Mokhtar a plongé la famille de l'éducation nationale et l'opinion publique de manière générale dans l'émoi. Une semaine après, la colère est vive. à travers tout le pays, les enseignant-es ont fait de la journée d'hier un moment pour exprimer leur indignation à travers de nombreux rassemblements et sit-in. Rarement le corps enseignant a été aussi mobilisé.La gravité du "crime" commis contre des enseignantes sans défense est une violence de trop face à laquelle l'éducation nationale ne pouvait se taire.Désormais, il y aura un avant et un après Bordj Badji-Mokhtar. Les enseignants de Tizi et bougie en colère Des centaines d'enseignantes et d'enseignants se sont rassemblés, hier, à l'appel du Cnapeste, devant le siège de l'éducation, à Tizi Ouzou, en signe de soutien aux 9 enseignantes agressées la semaine passée à Bordj Badji-Mokhtar. Des banderoles dénonçant cet acte abominable et des tabliers tachés de rouge ont été exhibés par les manifestants qui avaient occupé l'entrée principale de la Direction de l'éducation durant toute la matinée. Rencontré sur place, le chargé de l'information au bureau de wilaya du Cnapeste, Yahi Smaïl, a d'emblée dénoncé ce qui s'est passé à Bordj Badji-Mokhtar, tout en affirmant que cette énième agression est la goutte qui a fait déborder le vase. "Notre action n'est pas la première. Par le passé, nous avons tiré la sonnette d'alarme contre ces agressions. En 2017, une enseignante a été giflée à l'intérieur même de la Direction de l'éducation, suite à quoi, le Cnapeste avait fait 53 jours de grève pour demander réparation", a rappelé M. Yahi pour qui, ce qu'ont subi ces enseignantes à Bordj Badji-Mokhtar était même prévisible. "Il y a un début à tout. On se tait sur une petite violence et on arrive à des crimes et ce qui s'est passé à Bordj Badji-Mokhtar en est un. Un crime pas uniquement envers l'enseignante mais envers la femme en général", a relevé notre interlocuteur pour qui, "ces enseignantes parties à Bordj Badji-Mokhtar, à la frontière avec le Mali, pour travailler, sont des combattantes". "Elles sont au front dans des conditions de travail et climatiques très difficiles. Elles sont au combat mais, malheureusement, elles ont été jetées en pâture", s'est indigné M. Yahi, tout en rappelant au passage, la revendication du Cnapeste qui a demandé la promulgation d'une loi criminalisant les violences contre les enseignants. Pour ce représentant syndical, cette violence vient aussi de l'administration qui ne protège pas l'enseignant. Par ailleurs, Yahi Smaïl précisera que la deuxième journée du bac blanc, prévue hier, a été décalée à dimanche prochain pour permettre aux enseignants de participer à cette action de protestation et qu'il ne s'agit nullement d'un boycott de cet examen de fin d'année. "Il n'y a pas de boycott du bac blanc. Nous sommes en fin d'année et nous avons décidé d'accompagner nos élèves jusqu'au bout", a-t-il rassuré. À Béjaïa, l'abominable agression subie la semaine dernière par neuf enseignantes à Bordj Badji-Mokhtar a fait réagir le Cnapeste (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation), lequel a organisé, hier, des rassemblements synchronisés devant les sièges des académies au niveau national. Le corp enseignant a également exprimé sa colère. En effet, un imposant rassemblement a été tenu, hier, de 10h à 12h, devant le siège de la Direction de l'éducation nationale de Béjaïa, auquel ont pris part des centaines d'enseignants-es issus des trois paliers. Ces derniers ont tenu à répondre présent à l'appel du Cnapeste local pour "dénoncer et condamner l'agression dont ont été victimes leurs consœurs à Bordj Badji-Mokhtar". Lors de ce rassemblement, une prise de parole a été improvisée par les membres du bureau de wilaya du Cnapeste. Les différents intervenants-es ont unanimement souligné les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles les enseignants-es accomplissent leur noble mission. En sus de ces conditions décriées par ledit syndicat, on déplore les agressions physiques subies récemment par des enseignantes à Bordj Badji-Mokhtar et à Biskra. C'est l'histoire qui se répète. "Nous exigeons dans les plus brefs délais que les auteurs de ces forfaits abjects soient arrêtés et traduits devant la justice. Nous interpellons les pouvoirs publics afin que cette violence cesse", a lancé au micro Slimane Zenati, porte-parole du Cnapeste à Béjaïa. Après avoir appelé les adhérents de son syndicat à "rester mobilisés et vigilants", l'orateur interpelle le président de la République en lui demandant de "promulguer une loi spéciale, comme cela a été le cas pour le personnel de la santé, afin de protéger les travailleurs de l'éducation nationale dans l'exercice de leur fonction".